Les débuts de la Légation de France

De Histoire de Chine

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rédigé par Viviane Callerand

En 1851, le diplomate Alphonse de Bourboulon, alors secrétaire de la Légation de France aux Etats-Unis, est nommé ministre de France en Chine. Il part alors pour l’Empire du Milieu, accompagné de sa jeune épouse Catherine. Peu après, il est chargé d’établir une légation à Pékin, ce qui est rendu possible par le Traité de Pékin (1860), qui met fin à la Seconde Guerre de l’opium (1856-1860), remportée par les Français et les Britanniques contre les Chinois. Ainsi, en 1861, est établie la première légation de France à Pékin. Celle-ci est établie dans un ancien « fou », un ancien palais impérial, cédé par le prince de Kong, régent de l’Empire.

Légation de France à Pékin, 1881. 1- Vicomte de Semalle, 2è secrétaire ; 2- Mme Ristelhueber ; 3- Mlle Andrée Bourée ; 4- M. Henry Bourée ; 5- Mme Bourée ; 6- M. Albert Bourée, ministre de France ; 7- M. Riestelhueber, 1er interprète ; 8- M. Collin de Plancy, élève-interprète ; 9- Docteur Bretschneider, médecin des légations de Russie et de France à Pékin ; 10- Camille Huart, élève interprète (Ministère des Affaires Etrangères)
Devant le pavillon du vicomte de Semale, à la légation de France à Pékin, 1883. De gauche à droite, debout : 1- comte de Rattenbach, chargé d'affaires d'Allemagne ; 2- Hassenclever, officier allemand au service de la Chine ; 3- Dr Lenz, interprète de la légation d'Allemagne à Pékin. Assis : 4- Prince de Mecklembourg-Schwerin ; 5- lieutenant X (non identifié), officier d'ordonnance du Prince ; 6- Pelldram, consul d'Allemagne à Tientsin.
Le personnel de la légation de France à Pékin, 1886. Assis : Bruwaert, général Chanoine, M. et Mme Cogordan. Debout : Leduc, Delaroche-Vernet, Collin de Plancy, Vissière, dr Mirabel, Paléologue.

Toits en porcelaine et en tuiles vernies, portail rouge et or majestueusement ornementé, cour d’honneur entièrement dallée de marbre, fresques délicates, bâtiments immenses, salles de réception somptueuses, nombreux pavillons, parcs et jardins composent notamment cette véritable cité dans la ville qu’est alors la Légation française de Pékin. Celle-ci abrite les logements de Monsieur de Bourboulon et son épouse et des employés diplomatiques, mais aussi ceux des domestiques, gendarmes, médecin, ainsi que les écuries, lingerie, magasin aux provisions, chapelle, salle de billard, bibliothèque et bien d’autres encore. Mais le véritable trésor de ce lieu est l’enclos des antilopes, qui émerveille Catherine de Bourboulon, l’épouse du ministre de France. En effet, elle déclare :

« Notons enfin la merveille du parc de la Légation de France, l’enclos des antilopes Houan-yang ! Le paysage en est très tourmenté ; il contient des rochers, des vallons, des coteaux, des précipices, des forêts habilement ménagés par le décorateur chinois ; c’est un monde en miniature. »[1]

Les époux Bourboulon quittent définitivement la Chine en 1862. Les documents postérieurs à leur départ concernant la légation française à Pékin sont alors extrêmement rares. Il s’agit surtout de photographies, souvent anonymes. Ainsi, nous disposons de plusieurs clichés présentant des membres du personnel de la légation dans les années 1880 et dans les années 1900. La vie de la légation semble se dérouler sans encombres majeurs avant 1900, date à laquelle elle est assiégée.

De 1899 à 1901 a lieu, en Chine, la Révolte des Boxeurs. Il s’agit d’un mouvement de contestation contre les étrangers, les réformes et la dynastie Qing au pouvoir, qui se concentre peu à peu uniquement sur les étrangers. Dans ce cadre, à partir du 20 juin 1900 commencent les « 55 jours de Pékin », c’est-à-dire le siège des légations étrangères de la cité par les Boxeurs, rejoints par les troupes impériales.

Cette attaque se solde par la victoire de la coalition alliée (Autriche-Hongrie, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Japon, Russie, Etats-Unis) contre la Chine. Après ces combats, ces batailles, cette guerre, les alliés, vainqueurs mais marqués par le conflit, décident de se venger et commettent à leur tour des pillages et massacres de Chinois dans la cité. Quelques cartes postales, mises en valeur par l’Institut des Sciences de l’Homme de Lyon, permettent de voir la légation française au lendemain de ces événements.

Sources

  • Archives du Ministère des Affaires Etrangères
  • Collections Collin de Plancy et Bonin
  • Bibliothèque Nationale de France
  • Exposition Historical Chinese Postcard Project: 1896-1920
  • Institut des Sciences de l’Homme de Lyon (http://postcard.ish-lyon.cnrs.fr)
  • Revue Le Tour du Monde.

Notes

  1. POUSSIELGUE (Achille), Voyage en Chine et en Mongolie de M. de Bourboulon, ministre de France et de Madame de Bourboulon, 1860- 1861, Paris, Hachette, 1866