« Lieu de mémoire : Plaque commémorant la Zone Jacquinot » : différence entre les versions

De Histoire de Chine
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
 
(Une version intermédiaire par le même utilisateur non affichée)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Souvenirfrancais}}
'''rédigé par David Maurizot'''
'''rédigé par David Maurizot'''


Ligne 25 : Ligne 26 :
Merci à Julien Portier pour la traduction de la plaque et Marie-Astrid de Mézerac pour les photos.
Merci à Julien Portier pour la traduction de la plaque et Marie-Astrid de Mézerac pour les photos.
[[Catégorie:Shanghai]]
[[Catégorie:Shanghai]]
[[Catégorie:Le Souvenir Français de Chine]]

Dernière version du 8 novembre 2022 à 12:15

Cet article est une contribution du Souvenir Français de Chine. → Visitez le site du Souvenir Français

rédigé par David Maurizot

Saviez-vous qu'il existe à Shanghai une plaque du souvenir mentionnant un Français ? Inaugurée le 9 novembre 2017, située à l'entrée du Temple du Dieu de la ville de Shanghai (Cheng Huang Miao / 城隍庙), celle-ci célèbre l’établissement en 1937 – durant la Bataille de Shanghai – d’une zone de protection des civils dont le temple était le centre.

Situation géographique de la zone, décrite par le Journal de Shanghai en 1937

La Bataille de Shanghai, l’un des premiers épisodes de la Seconde Guerre Mondiale pour les Chinois, a vu s’affronter violemment les troupes japonaises et les meilleurs éléments de l’armée chinoise de l’époque. Imaginée comme une promenade militaire par l’état-major nippon, la conquête de Shanghai (uniquement la partie sous administration chinoise) prendra presque trois longs mois. Parfois comparée à Stalingrad pour l’intensité de ses combats et de ses destructions, la population civile n’eut que le choix de chercher refuge en lieu sûr : d’abord dans les concessions étrangères, îlots de paix qui n’échapperont toutefois pas à quelques bombes meurtrières, puis en territoire chinois dans l’étonnante zone de protection des civils, qui prendra rapidement le nom de son créateur : le Jésuite Jacquinot.

Illustration d’époque par le dessinateur Sapajou publiée dans le North China Daily

Ce missionnaire jésuite, installé à Shanghai depuis 1913, s’était totalement intégré à l’environnement cosmopolite de Shanghai et était devenu un véritable pont entre les communautés : maîtrisant bien évidemment le français, l’anglais et le chinois, il avait également développé des compétences en portugais et en japonais, probablement acquises lorsqu’il fut vicaire de la paroisse du Sacré-Cœur de Jésus à Hongkou où il servait la petite communauté portugaise. Hongkou étant alors le lieu où résidait la majorité des Japonais de Shanghai.

Durant l’automne 1937, alors que les coups de canons se rapprochent de la ville et que les positions chinoises se font de plus en plus précaires, le Père Jacquinot obtient, à force de négociations avec les Chinois, les Japonais et les notables étrangers des Concessions, l’ouverture d’une zone pour les réfugiés (难民区) située dans une partie de la vieille ville chinoise. Délimitée au Sud par la rue Fang Bang et entourée sur ses trois autres côtés par la Concession française (comme dans un « u » inversé , avec à l’Ouest, au Nord et à l’Est le Boulevard des Deux Républiques (aujourd’hui rue du Peuple / Renmin Lu)), la zone sera un havre de paix, respectée par toutes les parties. Administrée par un comité international sous l’égide de la Croix Rouge, elle fut dirigée par l’intrépide Père Jacquinot.

Il est difficile d’évaluer le nombre de civils qui purent ainsi être protégés des combats et des affres de la guerre moderne mais le nombre le plus souvent annoncé, et inscrit sur la plaque du temple, s’élève à 300.000 personnes. La réussite à Shanghai de ce bon samaritain inspirera des zones similaires à Nankin et Hankou, puis ailleurs dans le monde. A tel point que Jacquinot a son nom dans la Convention de Genève de 1949, relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.

La plaque inaugurée le 9 novembre 2017, et rédigée par l’ « Association d’histoire de la municipalité de Shanghai » s’intitule « Plaque commémorative de la zone de sécurité de Nantao, Shanghai » et se traduit ainsi :

Vue d’ensemble de la plaque

« Lorsque le 13 août 1937, éclate la bataille de Shanghai, l’entrée en ville de l’armée japonaise provoque une vague de réfugiés. Le philanthrope français Jacquinot entre alors en médiation avec chacune des parties, pour que les autorités chinoises établissent une zone de sécurité (du 9 novembre 1937 au 30 juin 1940 ) de la rue de la Nation (actuelle rue du Peuple) à la rue Fang Bang. Les réfugiés y trouvèrent asile dans le temple du Dieu de la ville, le parc Yu, le pavillon Chengxiang, l’église catholique, la mosquée de la rue Fuyou, le club de loisirs Petit Monde, l’école Wanzhu, la confrérie du jardin aux poiriers [communauté des artistes d’opéra] et la confrérie des tailleurs de jade, pour un total de plus de 300.000 Chinois secourus. Ce « modèle de Shanghai » dans la protection des civils, fut étendu à Nankin, à Hankou, en France et en Allemagne, etc. avant d’inspirer la 4ème Convention de Genève en 1949. Des communistes chinois participèrent également activement aux secours, recrutant un grand nombre de réfugiés au sein de la Nouvelle 4ème Armée.

Cette plaque a été inaugurée, à titre de commémoration, à l’occasion du 80ème anniversaire du commencement officiel de la guerre sino-japonaise et de la fondation de la zone de sécurité de Nantao. »

Gros plan sur le texte

La partie inférieure, ornementée de deux roses, reprend en chinois l’intitulé de la plaque. Figure également en anglais : « Safety Zone of Nantao » et en français : « La Jacquinot Zone » (sic).

Le Temple du Dieu de la ville se situe au n°249 de la rue Fang Bang (方浜路249号), à quelques pas du Jardin Yu. La plaque est apposée au niveau de la porte d’entrée (littéralement au niveau du contrôle des billets) sur le mur situé le plus à droite (côté Est).

Porte d’entrée du Temple du Dieu de la Ville, la plaque se trouve sous le pavillon à droite

Pour en savoir plus sur le Père Jacquinot : Il était une fois le Schindler français de Shanghai

Merci à Julien Portier pour la traduction de la plaque et Marie-Astrid de Mézerac pour les photos.