Lieux de mémoire liés à l’Amiral Courbet et à la Guerre Franco-Chinoise (1884-1885)

De Histoire de Chine

Cet article est une contribution du Souvenir Français de Chine. → Visitez le site du Souvenir Français

Tombe de l’Amiral Courbet au Cimetière de la Chapelle d’Abbeville

Près de 2100 soldats français sont morts pendant la Guerre Franco-Chinoise, l’immense majorité victime de maladie (seuls 120 sont morts sur le champ de bataille et 150 autres ont succombé à leurs blessures).

Les morts de l’Escadre d’Extrême-Orient de l’Amiral Courbet ont été enterrés dans deux cimetières militaires français, entre juin et juillet 1885, situés aujourd'hui à Taiwan : à Keelung, non loin de Taipei, et à Magong (anciennement Makung), dans les îles Pescadores.

Le tombeau de l’Amiral Courbet se situe, lui, dans le cimetière de sa ville natale à Abbeville. Restauré en 2008, les travaux ont été financés par le Souvenir Français, la FAMMAC (Fédération des Associations de Marins et de Marins Anciens Combattants) et la Municipalité d’Abbeville. Son sabre, quant à lui, été déposé dans la chapelle « marine » de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris.

Histoire des cimetières de Magong et Keelung

Dix ans après la Guerre Franco-chinoise, la Chine cède les îles de Taiwan et des Pescadores au Japon selon le traité de Shiminoseki. Pendant toute la période d'occupation japonaise (jusqu'en 1945), et conformément à un accord signé, le gouvernement français paie le gouvernement japonais pour préserver et entretenir les cimetières. La France n'en a pas les droits de propriété. Selon le cadastre de l’époque, le droit de propriété des cimetières de Keelung et de Magong est enregistré comme « Patrimoine du Trésor public ». Plus tard ces deux cimetières seront enregistrés comme « propriétés de l’État ».

Après la Seconde Guerre Mondiale, le 5 août 1954, l'Etat français et la République de Chine s'accordent : seront loués par la France pour une durée de 90 ans les terrains occupés par le cimetière français de Keelung et à Magong, un monument commémoratif dédié à l'amiral Courbet ainsi qu'une stèle commémorative. Le cimetière de Magong, quant à lui, sera désaffecté et transféré à Keelung.

Magong

Le cimetière militaire français de Magong avant 1954

A Magong, le cimetière militaire français a été entretenu jusqu'en 1954. Après l'accord conclu avec les autorités de la République de Chine, les corps des soldats, les stèles du cimetière, ainsi que les cendres du lieutenant d’infanterie de Marine, Louis Jehenne et de Marie Joseph Louis Dert, sous-commissaire de la Marine, ont été transférés à bord du Pimodan jusqu'au cimetière de Keelung.

A l’ouest de la rade de Magong, au niveau du Mont Shetou, un monument à la mémoire de l’Amiral Courbet est rénové et inauguré le 27 mars 1954. Il a été récemment rénové.

Monument élevé au Mont Shetou en 1954

Une stèle, « à la mémoire de l’Amiral Courbet et des braves morts pour la France aux Pescadores (1885) » a également été conservée dans la ville même de Magong.

Stèle « à la mémoire de l’Amiral Courbet et des braves morts pour la France aux Pescadores (1885) »

Keelung

A Keelung, le cimetière est d'abord utilisé pour réunir les dépouilles des soldats morts au nord de Formose : 700 soldats y reposent.

Le 14 avril 1947, M. Bayens, Consul Général de France à Shanghai, informe le Ministère des Affaires étrangères que le cimetière se trouve dans « un état complet de délabrement. » En raison du caractère d’urgence de la remise en état, il fait exécuter des travaux pour un montant de 100 USD qui est ensuite remboursé par le Ministère de la Marine.

Puis, en 1954, y sont transférés les restes du cimetière de Magong, ce qui lui donne sa configuration actuelle.

Assumée jusqu’en 1993 par le Représentant commercial français, la responsabilité de sa gestion a été reprise par le Secrétariat général de l’Institut français, après la réorganisation de celui-ci. Enfin, en 1997, sur décision ministérielle française, la gestion et l’entretien du cimetière reviennent, après accord, à la mairie de Keelung.

Le cimetière est classé monument historique en février 2001 et un projet de restauration et de mise en valeur du site est élaboré conjointement avec les autorités françaises. Une plaque du Souvenir Français y a été apposée le 11 novembre 2016.

Ouvert toute l’année au public, l’Institut français et le Souvenir Français commémorent les 14-Juillet et 11-Novembre le souvenir de ces marins morts pour la France.

Source : Christophe Rouil, Formose, des batailles presqu’oubliées, Les éditions du Pigeonnier, 2001.