Le Cimetière chinois de Noyelles-sur-Mer (Somme)
rédigé par Claude R. Jaeck
Il existe dans un petit coin de Picardie un cimetière chinois abritant les sépultures de travailleurs chinois mort en France pendant la Première Guerre Mondiale.
Le Chinese Labour Corps
Ceux-ci furent recrutés et employés par l'armée anglaise et incorporés dans le Chinese Labour Corps (CLC) au titre de travailleurs volontaires.
Chaque compagnie était composée d’un officier, de huit sous-officiers et de 500 hommes vêtus d’un uniforme bleu sombre. Leur accoutrement et particulièrement leur chapeau conique, leur valut rapidement le qualificatif de “pékins” auprès des militaires.
Après 1918, 3 000 de ces travailleurs préférèrent demeurer en France et furent recrutés par l’industrie et, particulièrement par les usines Louis Renault de Boulogne Billancourt et les usines Panhard et Levassor, situées avenue d’Ivry dans le XIIIème arrondissement, formant ainsi le premier noyau de la communauté asiatique française.
Le cimetière chinois
Une partie des travailleurs du CLC n’ayant pas de famille connue ni les moyens de faire rapatrier leurs corps fut enterrée à Noyelles-sur-Mer dans un champ situé près d'un hôpital de campagne anglais. Peu à peu le cimetière prit de l’ampleur et en 1918 on dénombrait déjà près de 800 tombes. Certains travailleurs chinois décédèrent après la guerre, et jusqu'en 1921, de maladie.
Une subvention spéciale fut votée pour la création du Cimetière de Noyelles à qui on donna des caractéristiques rappelant la nationalité de ceux qui y étaient enterrés. Il fut officiellement inauguré le 23 mars 1920.
Le cimetière est donc à la fois très britannique et très chinois mais également très picard puisque se situant dans la campagne à proximité d’un petit village aux maisons basses de torchis traditionnel. L’arrivée dans le village est d’ailleurs agrémentée par deux magnifiques “Chen Fo” (Gardiens de Bouddha). Ces sculptures furent offerts à Noyelles par la ville chinoise de Tungkang lors du jumelage entre ces deux villes qui eut lieu en décembre 1984. Le cimetière lui-même se trouve sur une légère butte en pleine campagne. Il comprend 849 tombes de marbre blanc portant des inscriptions en chinois et en anglais et le nom du travailleur si celui-ci est connu.
Des tombes émouvantes
Chaque tombe comporte le nom chinois du travailleur et sa transcription phonétique. Les autorités anglaises ont également ajouté une formule chinoise pour chacun d’entre eux : “A noble duty bravely done” (un noble devoir bravement effectué) ; “A good reputation for ever” (Une bonne réputation pour l’éternité) ; “A good fellow and a fierce worker” (Un bon camarade et un sacré travailleur) ; “ A little man but a great heart” (Un petit homme mais un grand cœur). Quelques arbres agrémentent le cimetière apportant un peu d’ombre dans cette campagne picarde qui s’étend à perte de vue.
Permis de reproduction des photos avec l’aimable autorisation de Bertrand Regnier (août 2017)