Les combattants chinois de la Grande Guerre

De Histoire de Chine
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rédigé par Philippe Fourneraut

Si je mourais là-bas sur le front de l’armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l’armée […]

Guillaume Apollinaire
30 janvier 1915, Nîmes.


Au mois d’août 2023, à la suite de l’appel de la SHFC, je me retrouvais avec le camarade Hugues Martin[1] aux portes du cimetière des Préjoces de Dijon, sous un crachin de Toussaint ; nous étions à la recherche de tombes de travailleurs chinois qui se révélèrent au nombre de cinq. Cette escapade bourguignonne et la conversation avec Hugues me donnèrent l’envie de partir à la recherche des combattants chinois de la Grande Guerre. Je consacrais alors mes heures libres à la recherche des engagés volontaires chinois du premier conflit mondial depuis Shanghai, en consultant les archives en ligne et envoyant quelques courriels qui obtinrent pour la plupart une réponse[2].


Lors du Centenaire de la Grande Guerre, on a beaucoup évoqué le sort des travailleurs chinois envoyés – pour la plupart – en France afin de suppléer une main-d’œuvre envoyée au front. De nombreux études et articles ont été consacrés au Chinese Labour Corps[3], dont les quelques 96 000 membres appuyèrent les troupes de l’Empire britannique en arrière du front puis furent utilisés dans le nettoyage des champs de bataille et la reconstruction dans le nord de la France et l’ouest de la Belgique. La quarantaine de milliers engagés par la mission Truptil pour rejoindre la France furent plus ignorés jusqu’en 2010[4]. La Pr Li Ma 马丽 de l’Université du littoral Côte d’opale, a organisé un colloque[5] sur les travailleurs chinois dans la grande guerre au printemps de cette année à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Ypres (Ieper, West-Vlaanderen) et au cimetière de Noyelles-sur-mer (Somme), dont les actes constituent la référence francophone sur le sujet. Au détour d’un chapitre[6], on y découvre qu’un Chinois participa en tant que soldat aux combats de l’armée française.

Le site Mémoires des Hommes, mis en place en 2003 par le Ministère de la Défense comme « mémorial virtuel en hommage aux combattants qui ont perdu la vie » lors de la Première Guerre mondiale, mettait en ligne des articles sur les participants aux efforts de guerre, dont un dédié aux travailleurs chinois[7] ; le dernier paragraphe commençait par cette phrase : « À titre personnel, 6 Chinois s’engagèrent dans les rangs de l’armée française pour la durée de la guerre. Ils combattirent sous le drapeau du régiment de marche de la Légion étrangère. ». En 2017, intrigué j’avais alors effectué des recherches sur celui cité dans cet article, et le résultat avait alors été publié par le Souvenir Français de Chine.

Je propose ici une synthèse de ce qu’on sait sur les Chinois ayant participé comme combattants au premier conflit mondial.

50 000 soldats… non combattants

Comme on l’a rappelé en introduction, la Chine a fourni près de 140 000 travailleurs aux alliés britanniques et français puis américains. Cette participation non-armée autorisée par les gouvernements de Pékin cache une réalité plus complexe.

En 1914, la Chine est une toute jeune république soumise à des contraintes résultant de son passé impérial récent. Des nations étrangères contrôlent des portions de son territoire, y disposent de droits de préemption[8] (sphères d’influence) et ont imposé des « réparations » après les divers conflits qui les ont opposés à l’Empire Qing. Ainsi, l’indemnité des boxers prévoit le versement annuel de plus de 3,6 millions de Livres[9]. Afin de s’assurer le paiement des indemnités précédentes et le remboursement des emprunts auprès de banques ou marchés étrangers, l’administration des douanes a été mise sous tutelle en 1858[10].

La révolution de 1911 qui conduisit à l’abdication du « dernier empereur » le 12 février 1912, mettait dans le même lit le vieux mandarin madré Yuan Shikai 袁世凯 et la « tête brûlée » Sun Yat-sen 孙中山. Le premier eu tôt fait de se débarrasser du second, et du parlement. Cependant sa politique provoqua des divisions dans le camp républicain et permis à des militaires de prendre leur autonomie, menant à une grande instabilité et une division du pays entre « cliques ».

Lorsqu’éclate la guerre, Yuan Shikai propose au Ministre britannique en Chine, John Jordan, de fournir 50 000 soldats pour prendre les territoires allemands du Shandong[11], offre déclinée par Sir John sans même consulter ses alliés français ou russes. La Chine ayant déclarée sa neutralité, le Japon, allié de la Grande-Bretagne depuis 1902, monte une opération pour se saisir de Tsingtao avec l’aide d’un petit contingent britannique, violant au passage le territoire chinois[12].

Le Japon veut profiter de la mise en retrait des puissances européennes pour mettre la main sur tout ce qu’il peut en Chine et finance les forces opposées à l’entrée en guerre, dont le KMT de Sun Yat-sen[13]. Il s’oppose aussi en 1915 à la fourniture par la Chine de munitions pour la France et la Russie[14].

Quand les États-Unis sortent de leur neutralité officielle et appellent les états neutres à se joindre aux combats contre l’Allemagne et ses alliés, la Chine[15] déclare la guerre – malgré les menaces allemandes – le 14 août[16]. En septembre, le Comité national de défense chinois offre aux Britanniques la mise à disposition de deux croiseurs et trois destroyers pour patrouiller en Asie[17].

Le 13 octobre, le Premier ministre[18] propose au Ministre de Grande-Bretagne d’envoyer entre 30 et 40 000 soldats en France, financés et équipés par les États-Unis. Les Anglais s’opposent fortement à la mise à disposition de navires pour transporter ces troupes vers l’Europe[19].

Sha Hai’ang, l’artilleur

Comme tous les élèves de l’École Centrale de nationalité française, Joseph Charignon[20], natif de la Drôme, a effectué une préparation militaire dans l’artillerie, attaché au 33e régiment d’artillerie à pied de Poitiers. Diplômé en 1894, il commence sa carrière dans les chemins de fer dès 1896, envoyé par la RCGF en Anatolie. Après un bref retour en France, il gagne la Chine en 1899, employé par Fives-Lille à Longzhou dans la Guangxi. Sa carrière se poursuit en Chine d’abord sur le chemin de fer du Yunnan puis le Pei-Han[21]. Après avoir été un moment le représentant du consortium du Pei-Han à Shanghai, il s’établit comme ingénieur civil dans la concession française de Shanghai[22].

En 1908, il est appelé comme conseiller au Ministère des postes[23] pour travailler sur le réseau ferroviaire alors à ses débuts. Le gouvernement ayant décidé par la suite que seuls des sujets chinois pourraient être fonctionnaires dans ses ministères, Charignon acquiert la nationalité chinoise en 1910 sous le nom de Sha Hai’ang 沙海昂.

Le 24 février 1914, son cas est évoqué dans les journaux français[24]. En effet, malgré sa nationalité chinoise, M. Sha a reçu une convocation pour effectuer une période de réserviste au Tonkin.

Quand la guerre éclate, Charignon n’hésite guère ; il se présente le 20 août à la Légation de France, auprès du Commandant des troupes d’occupation[25], pour y communiquer les informations qu’il détient sur les forces allemandes en Chine et s’engager. Il rejoint ensuite par ses propres moyens Hanoï pour rejoindre son régiment d’artillerie coloniale (le 4e RAC). Il se porte volontaire pour gagner le front et embarque à Haiphong le 28 décembre vers la métropole.

D’abord affecté à l’État-major du 2e Régiment d’Artillerie lourde[26], le lieutenant de réserve tombe malade dès janvier 1915 et est hospitalisé pour deux mois à Saint-Mandé victime d’un érysipèle[27]. Sauvé, il participerait[28] à l’expédition des Dardanelles où les troupes coloniales françaises[29] appuient le corps expéditionnaire britannique[30] contre les Ottomans. Après son retour sur le front français, il prend part aux combats en Artois puis à la deuxième offensive de Champagne en septembre 1915. Affecté au 116e Régiment d’artillerie lourde, il est aux Éparges au printemps 1916, cité à l’ordre de l’armée le 4 avril 1916. Il est promu capitaine le 8 mai. Le 25 juin, il est évacué sur l’hôpital de Sens (Yonne), pour une maladie hépatique[31].

Capitaine Charignon

Le 16 septembre, il prend temporairement le commandement de la 61e batterie alors en repos avant qu’un décret du 25 le nomme à partir du 1er octobre aux Ateliers de construction de Rennes où on fait appel à ses connaissances d’ingénieur ferroviaire.

Le 23 juin 1917, le Capitaine Charignon est détaché au Centre d’organisation de l’artillerie lourde d’Arcy-sur-Aube. Le 25 septembre, il rejoint le 116e RAL comme chef de batterie et est bientôt nommé chef de groupe à titre provisoire. Puis il est affecté à l’état-major du 311e RAL le 1er mars 1918, après la réorganisation de l’artillerie lourde.

Son expérience, sa maitrise de l’anglais et ses talents d’instructeurs développés lors de sa carrière chinoise le disposait naturellement à faire partie des instructeurs français de l’armée américaine qui avait commencé à débarquer en France en juin 1917 mais n’était pas du tout prête à se frotter à l’ennemi[32]. Ainsi à partir du 15 juin, il séjourne trois mois à Saumur auprès de la 90e Division d’Infanterie US dans le centre d’instruction d’artillerie du Corps expéditionnaire américain.

Il prend ensuite le commandement de la 1er batterie du 452e RAL puis celle de la 32e Section de munitions d’artillerie du 317e un mois plus tard.

Le Capitaine Charignon est démobilisé le 29 décembre 1918. Cependant, il se porte ensuite volontaire pour servir dans le 90e Régiment d’artillerie lourde du corps expéditionnaire français en Sibérie qui combat les bolchéviques aux côtés de troupes hétéroclites russes et étrangères[33]. Il passe « à côté de la mort à Omsk » en octobre 1919 et rentre « sur une civière » à Pékin[34].

Pour sa conduite pendant la guerre, le Capitaine (de réserve) AJH Charignon a été décoré de la Croix de guerre et fait chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire, le 18 avril 1918.

Zhu Binhou, l’aviateur

En dehors du lieutenant de réserve Charignon, Étienne Tsu, engagé le 25 septembre 1915 au 1er étranger, est peut-être le premier EVDG[35].

Zhu Binhou alias Étienne Tsu 朱斌侯 est le fils de Nicolas Tsu 朱志尧, un important entrepreneur[36] shanghaien francophone, neveu de Ma Xiangbo 馬相伯 et Ma Jianzhong 馬建忠, et comprador de la Banque de l’Indochine.

Ayant débuté sa scolarité chez les Jésuites à Zikawei, il est envoyé en France pour la poursuivre en 1901 au collège Saint-Grégoire de Tours où il fait ses 6e et 5e[37], avant de – peut-être[38] –  continuer au Lycée Stanislas à Paris. Il rejoint ensuite l’École des hautes études industrielle de Lille[39] d’où il sort diplômé en mécanique[40].

De retour à Shanghai, il profite de l’empire familial comprenant des ateliers de mécanique pour s’intéresser à l’automobile, lorsque l’aviateur français René Vallon vient effectuer des vols en Chine sur un biplan Sommer. Après avoir fait une démonstration devant les généraux chinois à Nankin, Vallon décolle du champ de course de Kiangwan ; malheureusement il s’y écrase quelques minutes après. Cependant, ses démonstrations ont fait naitre la vocation d’Étienne Tsu. Après avoir étudié les publications consacrées à l’aviation naissante, il part pour la France en 1913[41] pour y passer son brevet de pilote. Celui-ci lui est décerné le 6 mars 1914 à Villacoublay[42].

Encore en France à la déclaration de guerre le 3 août 1914, il ne peut regagner Shanghai. Il se présente au bureau central de la Seine à Paris et le 25 septembre 1915 est rattaché au « 1er Étranger »[43] en tant qu’élève pilote à Dijon sur des avions Voisin[44] puis à Pau où sont concentrés les étrangers[45].

Le 22 novembre il est nommé pilote et après un stage de chasse à Pau, il est affecté le 3 décembre comme pilote à la Réserve Générale de l’Aviation (RGA) au Bourget. Il pilote alors un Nieuport[46]. Le 20 février 1916 il est versé à l’escadrille N37.

Dès le 29 février il est cité à l’ordre de l’aéronautique et est nommé sergent le 29 avril ; puis cité à l’ordre de l’Armée les 5 et 25 septembre :

« Tsu (Étienne), sergent pilote à l’escadrille N.37 ; engagé volontaire pour la durée de la guerre ; le 10 juillet 1916, a vaincu un avion ennemi qui est tombé dans les lignes allemandes. Le 24 août 1916, a attaqué trois avions ennemis pour dégager un de ses camarades menacé par eux, et les a mis en fuite. »[47]

Tzu Étienne (Source : http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/escadrille037.htm )

« TSU (Étienne), sergent pilote à l’escadrille N.37 ; excellent pilote. Le 12 septembre 1916 a attaqué très bas dans ses lignes un avion ennemi qu’il a abattu. Les 14 et 15 septembre, a mitraillé l’infanterie ennemie dans ses tranchées, volant au ras du sol malgré un feu violent. »[48]

Il est nommé sous-lieutenant le 3 octobre 1916 à titre temporaire[49]. Du 18 au 22 novembre, il convoie un avion pour la RGA.

En janvier 1917, le magazine La jeunesse 新青年 de Chen Duxiu 陳獨秀 se fait l’écho de ses exploits[50].

Il est blessé lors d’un combat le mois suivant[51] et reprend le service le 26 juillet 1917[52]. Affecté à l’Atelier de Réparation d’Aviation à Saint-Cyr à partir du 10 mai 1917, il est nommé Lieutenant à titre provisoire le 3 octobre suivant.

On lui attribue 2 victoires homologuées et 7 non-homologuées[53], et il est décoré de la Croix de guerre[54].

Ma Yubao, le légionnaire mort pour la France[55]

Dans le cimetière de Vic-sur-Aisne (carré F, tombe 59)[56], une stèle marque la dernière demeure du soldat Ma Yi Pao, mort pour la France.

De son vrai nom Ma Yu-pao 马毓宝[57], le soldat est né à Kunming[58] en 1894 dans une famille Hui (musulmans chinois) de la bonne bourgeoisie[59] ;son nom (éducation / trésor) reflète les ambitions que ses parents fondent sur lui. Il entre au Lycée provincial dans la section industrielle en 1909 où il apprend le français. Puis il est admis par concours à l’École militaire du Yunnan avant de rejoindre en 1912 l’Académie militaire de Nankin grâce à ses études remarquables.

Ma Yu-pao, lieu et date inconnus (Source : blog de 大献张sur Sohu.com)

En 1913, il est envoyé à Hukou au Jiangxi comme Chef de bataillon pour prendre part au soulèvement révolutionnaire[60]contre l’accapare­ment du pouvoir par Yuan Shikai. Après l’échec du soulèvement, il rejoint l’armée du Yunnan comme officier du 8e bataillon de la deuxième division[61].

En 1915, alors que Yuan Shikai se fait nommer empereur, la Seconde armée du Yunnan se mobilise ; Ma est nommé commandant en second du Général Yang Yiqian 杨益谦 et est stationné à Guilin au Guangxi[62]. Peu après, il regagne le Yunnan comme commissaire au recrutement puis il y devient instructeur à Mongtsé. Là, centre ferroviaire de la ligne du chemin de fer du Yunnan, il fréquente le Consul de France Léonce Flayelle[63]. Aux récits de ce dernier des atrocités germaniques, le jeune capitaine se décide à soutenir l’effort de guerre français.

Le Consul lui ouvre la voie vers Hanoi où il rencontre le Gouverneur Albert Sarraut, et en décembre 1916, il entre dans l’armée française. En février 1917, il arrive au Maroc où il sert au sein du 1er du régiment de marche de la Légion étrangère alors en train de pacifier la région soulevée par les agitateurs allemands[64].

Lorsque le « Gouvernement du Nord » déclare à son tour la guerre à l’Allemagne, Ma Yu-pao sollicite le Gouverneur du Yunnan Tang Jiyao 唐继尧 afin de rejoindre le front. Le gouvernement du Yunnan notifie l’ambassade de Chine à Paris et l’armée française et il obtient son transfert vers la France. L’attaché militaire de l’Ambassade de Chine, le Lieutenant général Tang 陆军中将唐在礼, lui demande de tenir un journal et de transmettre ses observations au gouvernement chinois[65].

Au front au début de 1918, il se montre courageux et déterminé. Lors des combats sur l’Ancre, dans la Somme, en mars 1918, il est blessé à la tête par un éclat d’obus. Guéri, il revient à son unité pour participer à la bataille de l’Oise, en juin, où il est gazé et évacué. Soigné à Paris, il reçoit la Croix de Guerre. L’ambassadeur de Chine Hu Weide 胡惟德, tout en reconnaissant son courage et son audace, demande alors pour le préserver pour sa patrie qu’il soit affecté à l’arrière comme élève officier. Mais Ma estime que le travail n’est pas achevé et remonte au front. Il est de nouveau atteint lors de l’assaut du plateau de Laffaux[66] et succombe à de nouvelles blessures à l’ambulance 3/55, à Jaulzy, dans l’Oise, le 2 septembre 1918. Il est enterré au cimetière de Vic, près de Soissons dans l’Aisne selon le rite musulman[67].

Ma Yu Pao, Journal Officiel, 16 mai 1922

Une cérémonie commémorative est conduite au printemps 1920 à Kunming, présidée par le Seigneur de la guerre Tang Jiyao, en présence de divers dignitaires chinois et étrangers. Le livre d’honneur comporte des compliments de la part du gouvernement chinois et d’ambassades. L’ancien président de la République de Chine Li Yuanhong黎元洪envoie une large banderole calligraphiée ainsi « 邦家之光 », c’est-à-dire « Lumière de la nation ». Sun Yat-sen adresse également un message[68] ; toutes les factions politiques se retrouvant pour saluer leur héros qui, dit-on, admirait Yue Fei 岳飛[69].

Duan Lie et les anonymes du RMLE

On trouve sur le site de l’INA la série de mini-documentaires Frères d’Armes[70], portraits de 50 soldats des quatre coins du monde réalisés par Rachid Bouchareb et écrit par l’historien Pascal Blanchard[71]. Le mini-documentaire consacré à Ma Yu-pao affirme : « Si une centaine de travailleurs chinois ont été reconnus "morts pour la France", Mia Yi Pao [sic] est le seul combattant immortalisé comme tel. »

Jean-Marie Bockel, alors Secrétaire d’état aux anciens combattants, avait plus subtilement déclaré[72] :

« Oui, Mesdames et Messieurs, le saviez-vous, il existe un chinois mort pour la France[73] !

Il s'agit du légionnaire MA YI PAO, engagé en 1917 à l'âge de 23 ans dans la Légion Etrangère, plusieurs fois blessé au front et finalement décédé à Jaulzy, dans l'Oise.

Son corps repose aujourd'hui en la nécropole nationale de Vic, dans l'Aisne. »

En tant que Secrétaire d’État, il aurait pu diligenter une enquête préalable à ce discours car le site Terres des Hommes dépendant du Ministère de la défense, parle dans son article sur les chinois dans la Grande Guerre de 6 Chinois engagés volontaires. Et par une rapide recherche sur ce site, on trouve qu’un deuxième Chinois, légionnaire du RMLE est Mort pour la France. Son nom est transcrit en Toan Lie[74].

Toan réside à Nanterre lorsqu’il se présente au bureau central de la Seine[75] à Paris pour se porter volontaire le 25 mai 1917.

Né en mars 1895 dans le nord de la Chine[76], où ses parents résident encore, il est donc à Paris au printemps 17. Son livret militaire indique qu’il est ajusteur. Est-il l’un de ces travailleurs chinois – dont 25 sont affectés à la Fonderie nationale d’artillerie à Nanterre[77] – ou l’un des 283 résidents chinois recensés par l’administration française en 1916[78] ? La fonderie n'entrant en service que le 3 juillet, la première hypothèse est douteuse. Il est probablement un des étudiants envoyés en France dans le cadre travail-études initié par Li Shizheng 历史正 en 1909 avec le support du Gouvernement du Zhili puis de Cai Yuanpei 蔡元培 et de Wang Jingwei 汪精卫[79].

Affecté au dépôt de Lyon du 1er RMLE, il y arrive dès le lendemain de son incorporation.  

Porté par le lieutenant-colonel Rollet, le Drapeau du RMLE reçoit des mains du général Pétain la fourragère de la Croix de la Légion d’honneur, le 27 septembre 1917. Le RMLE fut la toute première unité française décorée avec cette haute distinction. Source : foreignlegion.info

Le 1er Régiment étranger fait partie de la Division marocaine qui combat à Verdun. Les contre-attaques françaises succèdent aux attaques allemandes dans une guerre d’attrition et un déluge d’acier. La bravoure des légionnaires et leur efficacité vaut la remise de la Légion d’honneur au drapeau du régiment par le Général Philippe Pétain, le 27 septembre 1917[80].

Porté déserteur le 23 février 1918 après une permission de 10 jours dont il n’est pas revenu, les gendarmes l’arrêtent à Colombes[81] le 23 mars et il est réaffecté le 29.

En avril 1918, il est probablement des terribles combats sur la Somme (bois de Hangard) jusqu’au 6 mai, avant les combats du Soissonais (Montagne de Paris) qui commence le 26 mai, il manque à l’appel le 20 mai et déclaré une nouvelle fois déserteur le 22. La date de sa réaffectation n’est pas mentionnée mais précède l’assaut sur la ligne Hindenburg.

Les combats se poursuivent dans le Soissonais pour contrecarrer l’offensive allemande et Toan y participe. Fin août le RMLE est transporté près de Nouvron-Vingré pour prendre la relève des unités américaines qui se sont cassé les dents sur la ligne Hindenburg[82].

Pour la suite le livre d’or du RMLE retrace l’offensive de la Légion :

[Le régiment] se place alors en deuxième ligne dans des tranchées sur le plateau au sud de Bieuzy.

Les journées du 30 et du 31 se passent à faire des reconnaissances et à attendre.

Le 1er, il est décidé que la Légion relève les Américains en avant de Juvigny et attaque le 2. Une partie du mouvement en avant se fait vers 16 heures et dans la nuit la relève s’opère sans incident.

L’attaque est fixée pour 14 heures, le bataillon de Lannurien prend la tête.

Il franchit rapidement le glacis à l’est de Beaumont, mais arrivé à la route de Béthune et au Sapin, il est pris d’enfilade par des rafales de mitrailleuses venant de droite ; la 59e D.I. qui attaquait de ce côté a été, de suite, arrêtée et sur notre flanc droit ainsi découvert les mitrailleuses du Bois de Beaumont et de la Cote 172 fauchent les vagues qui se présentent.

Le mouvement d’arrêt se produit, le barrage se décolle.

Cependant le bataillon continue son mouvement traverse la route, mais arrivé à l’est de Sorny, sur le sommet du Plateau, les mitrailleuses se dévoilent dans les chemins creux et il est obligé de se terrer ; le Capitaine de Lannurien a disparu.

Le bataillon Jaqcuesson qui a suivi le mouvement est obligé de se terrer à son tour.

Le bataillon Maire en réserve, avance et se met en position d’attente.

La situation est indécise, à droite les Malgaches et les Russes sont entrés à Terny mais n’ont pu déboucher, un mouvement léger de recul se produit, les mitrailleuses ennemies et les "minen" se dévoilent, une contre-attaque est imminente.

Le P.C. du Colonel et la liaison, arrivés au Nord de Sorny, retournent à l’arrière pour ne pas gêner le bataillon Jacquesson. Lorsque la contre-attaque ennemie se produit, ce bataillon l’arrête aisément et le refoule en désordre dans le bois de Terny. La 59e D.I.  a avancé de son côté, la position s’organise.

À partir du 3 le combat devient journalier et incessant, le contact avec l’ennemi ne se perd plus ; on avance pas à pas obligeant le boche à abandonner du terrain, du matériel, des prisonniers.

Tout comme son camarade Ma Yu-pao, le Légionnaire Toan Lie a dû être victime des mitrailleuses allemandes.

Livre d’Or des Morts pour la France du RMLE, p.194 : on y trouve les noms de Ma Yu-pao et de Toan Lié classés parmi les Cochinchinois. Il ne figure aucune liste pour les Chinois.

On ne sait ce que son corps est devenu, aucune tombe à son nom n’étant répertoriée[83]. Il a peut-être été inhumé dans une fosse commune avec les autres victimes du RMLE, voire de la Légion russe ou des Tirailleurs malgaches participants aussi à l’assaut du plateau de Laffaux.

Il fut cité comme le rapporte le Journal Officiel du 19 novembre 1920 :

TOAN LIE, mle 41373, légionnaire : bon et brave légionnaire. A été tué le 2 septembre 1918, en se portant résolument à l’assaut des positions ennemies. A été cité.

En consultant le Livre d’or des légionnaires morts pour la France (1914-1918)[84], on devine, que Toan Lié et Ma Yu-pao ont eu des prédécesseurs. En effet les tableaux des légionnaires du 1er Étranger tombés pour la France par nationalité mentionnent un Chinois pour la période jusqu’au 1er juillet 1916 ; un autre pour la période au 13 septembre 1917 ; un autre pour la période au 25 mai 1918.

Si ce sont bien 3 Chinois morts pour la France, nous avons donc les traces de 5 légionnaires Morts pour la France ; le 6e EVDG, Étienne Tsu, survivant au conflit.

Les Chinois dans les armées du Commonwealth – l’exemple du Corps Expéditionnaire Canadien

D’autres chinois se sont portés volontaires pour servir pendant la Grande Guerre, c’est le cas de nombreux Chinois résidant au Canada. Les préjugés raciaux et les lois d’exclusion firent que nombre de volontaires ne sont tout simplement pas acceptés pour le service[85]. En particulier, la Colombie britannique qui n’accordait pas la nationalité canadienne aux asiatiques nés sur son sol, rejeta une bonne partie des volontaires chinois. Quelques-uns passèrent outre en s’engageant dans d’autres provinces.

Les frères Louie en uniforme (source : valourcanada.ca)

C’est le cas par exemple Louie Wee Tan (雷伟天 dit William Thomas Louie). D’une famille originaire du village de Sun-way (笋围[86]) ; il est né à Shuswap en 1898, près de Kamloops (BC) au pied des Montagnes Rocheuses, où il est cultivateur. Refusé à l’enrôlement à Kamloops, il achète un cheval et franchit les montagnes en plein hiver pour arriver à Calgary (AB) après 3 mois[87], où il s’engage au Régiment de l’Alberta le 20 février 1918.

Son frère ainé de quatre ans, Louie Wee Hong 雷伟宏 – contremaitre – et son pays Frederick Lee[88]  – fermier – ont pu eux s’engager à Kamloops, respectivement les 9 avril 1917 et 13 mars 1918.

En Ontario, Hong Tung On[89], né à Sun-way le 3 août 1894 et cuisinier à Cochrane, dans le nord de la province, a moins de difficulté à rejoindre l’armée en signant son enrôlement à Sudbury (ON) le 19 mai 1917.

De même Victor Fong[90], étudiant à Québec, s’y engage lui le 12 octobre 1917 dans le 249e bataillon du Corps expéditionnaire outremer.

Un soldat canadien gravement blessé boit du café chaud dans une soupe populaire à 100 mètres des lignes allemandes, au milieu de la poussée sur la côte 70, en août 1917, pendant la Première Guerre mondiale[91]. (Department of National Defence/Library and Archives Canada/3395497)

Ces cinq soldats eurent des destins différents : William Louie, runner portant des messages entre les différentes unités, est victime d’un bombardement qui le prive partiellement de l’ouïe[92].

Wee Hong Louie et Tung On Hong ont servi sans accidents ou exploits notoires à part une blessure bénigne à l’œil droit de Hong en octobre 1918 ; cependant les troupes canadiennes étant parmi les troupes d’élite des armées britanniques, elles s’illustrèrent notamment à Vimy et à Passchendaele[93].

C’est dans l’assaut de la « Côte 70 » que Frederick Lee fut porté « tué à l’ennemi » (killed in action) le 21 août 1917. Les Canadiens ayant emporté le sommet de la côte surplombant la ville de Lens le 18, continuèrent jusqu’au 25 l’offensive pour libérer et « nettoyer » la ville. Cette bataille fit quelque 9000 tués et blessés côté allié, et la mort obscure de Lee ne lui valut aucune décoration. On ne retrouva pas son corps après les combats, et seul son nom qui figure sur le mur du Monument commémoratif du Canada à Vimy[94] subsiste pour témoigner de son sacrifice.

L’étudiant québécois Victor Fong, lui, est porté déserteur le 21 octobre 1917 et jamais retrouvé par les autorités.

Le nombre exact de combattant chinois du CEC demeure inconnu. Le chiffre souvent cité de 300[95] volontaires chinois du CEC[96] est, semble-t-il, au mieux une estimation des Chinois s’étant portés volontaires. Après la guerre, le Ministre de la milice et de la défense, Hugh Guthrie, déclara à la Chambre des communes que le Corps Expéditionnaire en France avait enrôlé « quelque chose comme douze » Chinois[97].


Il semble que malgré les politiques d’exclusion similaire en Australie[98], un nombre de Chinois un peu plus important fut incorporé dans les ANZAC : les archives nationales d’Australie avancent le nombre de 200 soldats ayant des origines chinoises dont 19 furent décorés[99]. C’est le cas du meilleur tireur d’élite de Gallipoli, Billy Sing[100] 沉比利, un métis anglo-chinois dont le père avait immigré de Chine en Australie depuis Shanghai. Cependant, parmi les personnes tracées pour cet article, il s'agirait de sujets de l'empire britannique et non pas de ressortissants chinois.

Conclusion

Cet article est celui d’un amateur loin des archives et ne lisant que difficilement le chinois. Une recherche universitaire, se plongeant dans les archives françaises, britanniques et du Commonwealth – notamment au Canada et en Australie et Nouvelle-Zélande – et étudiant les sources chinoises[101], apporterait un nouvel éclairage à la participation chinoise à la Grande Guerre. Si le nombre des travailleurs engagés[102] pour suppléer au manque de main d’œuvre en France et en Grande-Bretagne est plus de mille fois supérieur à celui des combattants, on ne peut oublier ceux-ci, qui se sont portés volontaires pour une guerre qui aurait pu ne pas être la leur.  


Remerciements

  • Le Musée de la Légion étrangère à Aubagne
  • Le Commandement de la Légion étrangère, Division des ressources humaines, Bureau des anciens de la Légion étrangère
  • L’État Civil Militaire et Subventions Monuments aux Morts, Service départemental de la Moselle
  • La Grande Chancellerie de la Légion d’honneur, Service des décorations, Bureau de la gestion des décorations françaises et étrangères
  • Le Service Historique de la Défense

Très brève bibliographie

  • Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre Mondiale, coordonné par le Pr Ma Li, CNRS éditions; édition illustrée (15 mai 2012)
  • Penguin’s World War I China Specials :
    • Robert Bickers — Getting Stuck in For Shanghai
    • Jonathan Fenby — The Siege of Tsingtao
    • Paul French — Betrayal in Paris
    • Mark O’Neill — The Chinese Labour Corps
    • Mark O’Neill — From the Tsar’s Railway to the Red Army
    • Frances Wood — Picnics Prohibited


DOCUMENT 1 : LIVRE d’OR du RMLE p.88, 89, 90

DOCUMENT 2 : LIVRE D’OR du RMLE p.239, 240 & 241-247

Plateau de Laffaux 14 septembre 1918


DOCUMENT 3 : texte du documentaire Frères d’armes consacré à Ma Yu-pao (commenté)

Groupe ACHAC de recherche

Page : https://achac.com/programme/memoires-combattantes/films#ancre1358film

MA YI PAO (1894 -1918)

Mia Yi Pao[103] illustre la destinée de quelque 140 000 Chinois[104] qui ont parcouru près de 10 000 kilomètres[105], pour servir et combattre[106] aux côtés des Alliés, pendant la Première Guerre mondiale. En effet, la République de Chine ne resta pas neutre durant la guerre. Dès 1916, elle fournit de la main-d’œuvre en réponse aux demandes pressantes de la France et de la Grande-Bretagne[107]. Le 1er août 1917, elle déclara la guerre à l’Allemagne.

Quelque 40 000 travailleurs chinois sont recrutés et envoyés auprès des Français (contre 100 000 auprès des Britanniques et des Américains[108] tous dans le sud de la France[109]), pour remplir les fonctions d’ouvriers, de dockers, de salariés agricoles, de terrassiers, d’employés de voirie… Ils contribuent ainsi à l’effort de guerre propice à la victoire. Mais plusieurs milliers d’entre eux (entre 2 000 et 20 000 selon les sources), présents dans les zones de combat[110], meurent sous les bombardements où sont décimés par les maladies[111]. Les corps des travailleurs chinois sont conservés dans divers cimetières comme celui de Noyelles-sur-mer[112], dans la Somme où reposent 849 héros oubliés[113].

Mia Yi Pao, qui demeure méconnu, a son nom gravé dans la pierre de la nécropole nationale de Vic-sur-Aisne. Sa fiche militaire précise qu’il est « Mort pour la France, le 2 septembre 1918, décédé des suites de ses blessures, à l’ambulance de Jaulzy, dans l’Oise. » De religion musulmane, Mia Yi Pao avait quitté son pays, alors en pleine instabilité politique (période dite des Seigneurs de la guerre), pour échapper aux persécutions religieuses dont il était victime[114]. Il s’engage dans la Légion étrangère, à l’âge de 24 ans, et se retrouve déployé avec ses frères d’armes dans les tranchées. Si une centaine de travailleurs chinois ont été reconnus « morts pour la France », Mia Yi Pao est le seul combattant[115] immortalisé comme tel[116].

Créé en 1989, le Groupe de recherche Achac est un collectif de chercheurs, d’universitaires, d’écrivains, de collectionneurs, de documentaristes et de journalistes qui travaillent sur les représentations, les discours et les imaginaires coloniaux et postcoloniaux, ainsi que sur les flux migratoires extra-européens à travers différents programmes de recherche : Histoire & culture coloniale, Mémoires combattantes, Racisme & zoos humains, Portraits de France, Sport & diversités, Immigrations des suds et Sexe, altérité & corps colonisés.

DOCUMENT 4 : tableau des Morts pour la France nés en Chine

Données recueillies sur les fiches de la base de données des morts pour la France de la 1ère Guerre mondiale[117] du site Mémoires des hommes du Ministère de la défense.

Les combattants (13 Français, 2 Chinois)
Nom Prénom Grade Unité Matricule Naissance Lieu Mort le Lieu Département Cause Transcription
ARANGER Maxime Jules Félix soldat 59e RI 5477 7/5/1889 Shanghai 25/09/1014 Le Godat Marne Tué Paris Ier
DECK Léon Edouard Joseph caporal 341e RI 13742 12/4/1882 Shanghai 23/11/1914 Cheroncourt Meuse Tué à l'ennemi Ma rseille
DUFOUR Louis Alexandre sergent 403e RI 2853 0/1/1895 Shanghai 10/02/1916 Butte de Souin Marne Tué à l'ennemi Paris 12e
DUPOUEY Charles Marius Dominique lieutenant de vaisseau Brigade des fusiliers marins Hong Kong 03/04/1915 Nieuport Belgique Blessures reçues au champ d'honneur Toulon
GUEIDAN Albert Georges 2e cannonier 55e RA 2140 17/10/1892 Hong Kong 20/08/1914 Bidestroff Moselle Blessures de guerre Alès (Gard)
ITIÉ Paul Charles soldat 23e RAC (Artillerie de campagne) 11595 29/3/1871 HO TSO Méo 24/04/1916 Pamiers Ariège Blessure Pamiers (Ariège)
JARNO André Paul soldat 21e (RIColoniale) 1667 5/8/1898 Shanghai 28/02/1918 Marseille Bouches du Rhône Maladie Paris Ier
LAPORTE Édouard Sous Lieutenant régiment de marche de spahis marocains RMSM 2483 28/8/1893 Shanghai 06/07/1918 Mali Korcis Albanie Blessures de guerre Dieppe (Seine Maritime)
LEPISSIER Henri Jacques Maréchal des logis 18e régiment de dragons (18e RD) 1667 18/12/1891 Shanghai 07/08/1914 Pfetterhausen Territoire de Belfort Disparu au combat Loury (Loiret)
MA Yl PAO soldat 2e classe RMLE 45776 1894 Yunnan 02/09/1918 Ambulance de Jaulzy Oise Suites de blessures de guerre Paris Ier
PARISET Robert Fernand Albert soldat 2e classe 83e régiment d'infanterie (83e RI) 6696 16/9/1890 Shanghai 16/06/2015 Rochincourt Pas de Calais Tué à l'ennemi Pau
RAFFRAY Pierre René Marie Gabriel soldat 2e classe 3e régiment d'infanterie 1698 27/10/1893 Tianjin 14/08/1914 Coincourt Meurthe et Moselle Disparu au combat Paris Ier
SENNET Robert soldat 2e classe 67e régiment d'infanterie (67e RI) 14865 9/11/1897 Shanghai 31/03/1918 Grivennes Somme Tué à l'ennemi Paris 17e
TOAN LIE soldat 2e classe RMLE 41373 mars 1895 Zhili 02/09/1918 Terny-Sorny Aisne Tué à l'ennemi
TOCHE Pierre Charles soldat 2e classe 84e RAL 7874 14/01/1899 Shanghai 03/07/1918 Lyon Rhône Maladie (Pleeresie granulee) Paris 17e


Les travailleurs (91)
Nom Prénom Grade Unité Matricule Naissance Lieu Mort le Lieu Département Cause
HSAI TIAN Chen travailleur 40177 1898 Shandong 1919/9/19 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
ISU HIVA (Hsu Hwa?) Chéou travailleur 14e compagnie 40555 1893 (23/02/ 1891 ?) Shandong 1918/11/25 Châlons-sur-Marne Marne Maladie pulmonaire ou tuberculose
KAO KIEU SHE travailleur 1892 Zhili 1916/9/19 Marseille Bouches du Rhône Maladie
KAO PENG Ku travailleur Dépôt Mauzac, Dordogne 8880 1892 Jiangsu 1919/8/23 Bergerac Dordogne Maladie autre
KENG HA FAH travailleur spécialiste groupement de la société La Chaléassière. à Saint-Etienne 70511 1895 Shanghai 1919/3/24 St Étienne Loire Maladie
KIAN KOAN Hoa travailleur 2e unité chinoise 19766 1893 Henan Marseille Bouches du Rhône Maladie
KIANG TCHONG Li ouvrier Mission Truptil 20158 1891 Anhui (Wuhu) 1917/11/3 Entre Colombo et Djibouti Océan indien Maladie
KONG ZONG Seng ouvrier groupement chinois de l'arsenal à Toulon 28811 1895 Shanghai 1917/7/9 Toulon Var Maladie
KONO FAN Siang travailleur 1ère UCTC 5906 1882 Shandong 1917/11/10 Marseille Bouches du Rhône Maladie
KUIN Léon Sien travailleur groupement de travailleurs chinois 18806 1885 Anhui 1919/1/21 Arras Pas de Calais NA
LAM Hung Wah ouvrier groupement de travailleurs chinois 424 Guangdong 1917/1/19 Nogent sur Oise Oise Maladie
LAM NG travailleur Groupement de Caen 4631 1887 Sek San 1917/11/24 Caen Calvados Maladie autre
LAO RUNEL travailleur 4551 1889 1919/7/18 Marseille Bouches du Rhône NA
LEAN TEI SIN travailleur groupement de travailleurs chinois de La Pallice 7677 1888 1919/6/10 La Rochelle Charente inférieure Maladie
LEAN YI 4e section de commis et ouvriers militaires d'administration (4e COA) 1615 1892 Guangdong 1918/4/6 Le Mans Sarthe Maladie
LEI WOUN travailleur 4816 1886 Guangdong 1919/1/28 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
LENG Louc travailleur 1ère UCTC 4881 1889 Guangxi 1917/10/10 Marseille Bouches du Rhône Maladie
LEOU KING PIA travailleur 29818 1893 Anhui 1918/9/26 Marseille (asile d'aliénés) Bouches du Rhône Maladie autre
LI KOUANG Chan ouvrier Manufacture d'armes de Châtellerault 1086 1884 Tianjin 1918/10/8 Chatellerault Vienne Maladie
LI PIN travailleur Groupement de Caen 44893 1887 1917/7/29 Caen Calvados Maladie pulmonaire ou tuberculose
LI SIK POIF ouvrier Chantier de la Seyne 763 1895 1919/8/14 Toulon Var Maladie autre
LI YI travailleur Groupe 53 de la Sarthe 3275 1897 1918/4/1 Le Mans Sarthe Maladie
LIANG KOUANG Liang travailleur 1ère UCTC 20590 1894 Jiangsu 1919/3/1 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
LIAU PE travailleur Poudrerie de Bassens 11816 1891 Jiangsu 1918/10/15 Bordeaux Gironde Maladie pulmonaire ou tuberculose
LIEOU Yu Hai travailleur 2e UCTC 24535 1888 Zhili 1918/3/1 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
LIEOU HOEN Tcheng travailleur Poudrerie de Blancpignon 16409 1891 Jiangsu 1917/12/8 Bayonne Basses  Pyrénées Maladie pulmonaire ou tuberculose
LIKOUEÏ Yun travailleur 10e Cie de Vrocourt 26598 1919/2/20 Neufchâteau Vosges Maladie
LION KIN TEC travailleur Groupement de la Charbonière 8415/550 1890 1918/5/11 Clermont Ferrand Puy de Dôme Maladie
LION KIN TING travailleur 1887 1918/10/31 Bordeaux Gironde Inconnue
LOE TCHIN Hing travailleur 3834 1890 Guangxi 1919/10/23 Marseille Bouches du Rhône Maladie
LOU SHI FAN travailleur 1ère UCTC 1894 Shandong 1918/1/6 Marseille Bouches du Rhône NA
LU OUEN HAI travailleur Usine St Gobain à St Fons 9900 1882 Tianjin 1917/12/20 Lyon Rhône Blessure
LY KONG travailleur 3155 1894 Guangdong 1918/6/10 Lyon Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
LY LAN Dou travailleur 2e UCTC 11701 1882 Zhili 1917/8/23 Marseille Bouches du Rhône Maladie autre
LY TCHEN KY travailleur Groupe chinois de Marignac 988 1885 1917/12/17 Luchon Haute Garonne Maladie pulmonaire ou tuberculose
LY TE Cheng travailleur 2e UCTC 17083 1890 Shandong 1917/12/24 Marseille Bouches du Rhône Maladie
LY TSI Tcheng travailleur Arsenal de Roanne 13254 Jiangsu 1919/2/20 Roanne Loire Blessures par balle
LY YU HAI travailleur 17513 1893 Jiangsu 1919/2/13 Marseille Bouches du Rhône Maladie
LY YU HAI travailleur Groupement du port de Nantes 20814 9/8/1875 Shandong 1918/5/5 Nantes Loire inférieure Maladie pulmonaire ou tuberculose
LY YUEN Siang travailleur 2e UCTC 19980 1882 Hunan 1917/12/28 Marseille Bouches du Rhône NA
MA FONG SIANG ouvrier Groupement de Bourges 2406 1896 Mandchourie (Moukden) 1918/5/24 Bourges Cher Maladie pulmonaire ou tuberculose
MA LIEN Theng travailleur 2e UCTC 12208 1891 Jiangsu 1917/12/1 Marseille Bouches du Rhône Maladie autre
MA LI TANG travailleur Groupe d'Indret 21183 1899 Zhili 1918/5/29 Nantes Loire inférieure Maladie autre
MA SUI YU travailleur 1ère UCTC 7854 1891 Anhui 1918/6/27 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
MA TENG YUN travailleur 1887 1919/2/8 Dijon Côte d'or NA
MONG KIN Shan travailleur 747 1889 Shandong 1919/1/12 Marseille Bouches du Rhône Maladie autre
OUANG Tsai tai travailleur 1ère UCTC 3354 1898 1919/9/14 Marseille Bouches du Rhône Maladie autre
PIAO You travailleur 1897 Guangdong 1919/5/8 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
SIAO Koei Heo travailleur 1?716 Hunan 1917/12/6 Marseille Bouches du Rhône NA
SIAO Sin travailleur 16468 1919/8/19 St Mandrier Var NA (Hopital maritime)
SIO TCHAN YUEN travailleur 2e UCTC 12948 1891 1917/12/17 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
SON TIE Chen travailleur 1ère UCTC 25004 1896 Shandong 1918/8/20 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
SOU KOU Tchang travailleur 8244 1890 Jiangsu 1919/1/24 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
SUE TONG CHENG travailleur 6960 1889 Jiangsu 1917/11/29 Bourges Cher Maladie
SUEU CHIO Hai travailleur UCTC 9287 1893 Jiangsu 1918/8/12 Marseille Bouches du Rhône Maladie
T'SIN TE TSI travailleur 1884 Shandong 1919/8/29 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
T'ONG WEI TS'AI travailleur 1ère UCTC 25825 1890 Jiangsu 1918/1/7 Marseille Bouches du Rhône Maladie autre
TANG TCHAO Loung travailleur 2e UCTC 26991 Anhui 1918/9/5 Martigny les bains Vosges Blessure de guerre
TCHAN TCHOT travailleur 3706 1886 Guangdong 1918/4/29 Grenoble Isère Blessure
TCHANG SIN SONG travailleur 15331 1894 1918/6/20 Le Creusot Saône et Loire Maladie autre
TCHANG T'IEU T'sing ouvrier 40955 1894 1918/11/7 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
TCHANG T'PIAO travailleur 1ère UCTC 11096 1888 1918/9/21 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
TCHANG TS'IN KI travailleur Poudrerie de Bassens 10888 1884 1917/8/6 Bordeaux Gironde Maladie pulmonaire ou tuberculose
TCHANG YU Fong travailleur 20305 1887 1918/12/22 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
TCHAO KAONG TANG travailleur 11998 1892 1918/12/2 Salens Jura Maladie autre
TCHAO Kin Yen travailleur 21167 1892 Jiangsu 1918/2/5 Nantes Loire inférieure Maladie autre
TCHAO TCHEN NAO travailleur 11401 1890 Zhili 1918/12/6 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
TCHAO TE CHEN travailleur 15825 1889 Anhui 1917/11/13 Marseille Bouches du Rhône Maladie autre
TCHEN Tée Chen travailleur Poudrerie de Blancpignon 7982 1918/7/29 Bayonne Basses  Pyrénées Maladie pulmonaire ou tuberculose
TCHENG Lou travailleur 128 1887 1919/2/20 Marseille Bouches du Rhône Maladie autre
THAI LE YEN travailleur transit maritime 1918/10/5 Brest Finistère Maladie autre
THANG TE HING travailleur Comission du réseau nord à Chapelle au pot (Oise) 25116 1892 Shandong 1918/8/18 Toulouse Haute Garonne Maladie pulmonaire ou tuberculose
TIEN TCHEN YEN travailleur Poudrerie du Bouchet 5833 1891 Jiangsu 1917/9/16 Paris Seine Maladie
TONG SEN KIVEN travailleur 27730 1893 Shandong 1919/8/18 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
TONG ZAI MING travailleur 23834 1887 Shandong 1918/2/22 Bourges Cher Maladie pulmonaire ou tuberculose
TS'AO TE CHANG travailleur 10410 1890 Anhui 1918/11/24 Marseille Bouches du Rhône Maladie autre
TS'ENG Tchang Yun travailleur 15328 1892 Jiangsu 1918/10/31 Le Creusot Saône et Loire Maladie pulmonaire ou tuberculose
TS'M TIU TCHANG Interprète 10325 1894 Zhili 1918/11/3 Le Creusot Saône et Loire Maladie pulmonaire ou tuberculose
TSAO TAN SHOUNE travailleur 1147 Tianjin 1919/7/14 Marseille Bouches du Rhône Maladie autre
TSANG CHIU LANG travailleur Ecole militaire de Lille 24432 1887 Shandong 1919/8/21 Lille Nord Amputation jambe droite
TSAO KOUANG CHONG travailleur 23868 1896 Shandong 1919/7/31 Arras Pas de Calais Maladie autre
TSEN TI HIN Interprète 20920 1893 1919/2/9 Issoudun Indre Maladie pulmonaire ou tuberculose
UN TO SAN travailleur 338 1892 1919/7/13 Marseille Bouches du Rhône Maladie autre
UNG CHI travailleur 2359 1889 Guangdong 1918/11/21 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
UNG KAM travailleur 9091 1891 Guangdong 1917/7/30 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
UNG TSEN Yax travailleur 1879 Guangdong 1919/10/4 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
WANG TCHEOU TCHÉ travailleur 23858 1896 Shandong 1919/7/2 St Omer Pas de Calais Maladie pulmonaire ou tuberculose
WONG LOK travailleur 5183 1889 1918/9/8 La Rochelle Charente inférieure Maladie autre
YU KI NAN travailleur Groupement de Chasseny 1892 1919/2/13 Compiègne OIse Blessures par éclat de grenade
YU TCHEN HAI travailleur 22826 1891 Henan 1919/1/7 Marseille Bouches du Rhône Maladie pulmonaire ou tuberculose
YU TSE SING travailleur Groupement de Rouen 18112 1891 Anhui 1919/1/22 Rouen Seine inférieure Maladie pulmonaire ou tuberculose

Références et notes

  1. Cf. le blog d’Hugues, Shanghailander
  2. Voir les remerciements en fin d’article.
  3. Cf p.ex. dans le South China Morning Post
  4. Même si, comme le rappelle Mme Ma, Annie Kriegel évoquait le sujet déjà en 1967 lors d’une réunion de la Société d’histoire moderne.
  5. Les travailleurs chinois dans la grande guerre : https://calenda.org/197482 et http://www.iccwww1.org/Conference-2010 .
  6. Article de Jérôme Buttet, p.415 dans Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre mondiale.
  7. Cf. La Chine dans la Première Guerre mondiale.
  8. Dans sa sphère d’influence - par exemple le Yunnan, le Guangxi et Hainan pour la France – un pays peut imposer qu’un projet industriel ou minier soit réalisé par une entreprise ou un consortium national. Un exemple est la portion de la ligne Tianjin-Pukou  (nord de Nankin) 天津浦口铁路traversant le Shandong que les Allemands refusent aux britanniques qui construisent les portions nord et sud.
  9. Cf. Picnics prohibited, Frances Wood, Penguin Specials 2014, p.32 : « In 1916, the Hong Kong and Shanghai Bank listed the monthly payments for the Boxer Indemnity as £304 100 including: Britain £34 425 / Portugal £60 / Sweden £40 / Germany £61 160 / Austria £3 200 / Belgium £5 715 / Spain £75 / France £47 725 / Italy £17 925 / USA £22 195 / Japan £22 195 / Russia £88 320 / Holland £530 »
  10. Cf. Les douanes impériales maritimes chinoises, Henri Cordier, 1902, T'oung Pao, Second Series, Vol. 3, No. 4 (1902), pp. 222-240.
  11. Comprenant das deutsche Pachtgebiet Kiautschou, territoire de la baie de Jiaozhou 胶州, incluant le port de Qingdao 青岛, ainsi que le tracé du chemin de fer reliant celui-ci à Jinan 济南.
  12. Une partie des troupes débarque sur la côte nord de la province, à Longkou 龙口et Yantai 烟台 (alors Chefoo). Cf. The Siege of Tsingtao de Jonathan Fenby, Penguin specials, 2014.
  13. Sun Yat-sen s’est réfugié au Japon après l’écrasement de la « seconde révolution » à l’été 1913. Il reste opposé à l’entrée en guerre au côté des alliés jusqu’à et la constitution de son gouvernement à Canton et la déclaration de guerre du gouvernement « du nord ». Il enverra une délégation non-invitée à Paris pendant les négociations du traité de Versailles.
  14. Cf. Frances Wood p.2.
  15. Les relations diplomatiques sont rompues le 14 mars (les États-Unis déclarent la guerre le 6 avril).
  16. Ceci malgré les manœuvres japonaises et la tentative de coup d’état du Général Zhang Xun 張勳 de juillet 1917, possiblement financé par les Allemands.
  17. Proposition sans suite, la Marine n’obéissant pas au gouvernement, cf. Frances Wood p.94-95.
  18. Duan Qirui 段祺瑞, ancien bras droit de Yuan Shikai et général de l’armée du Beiyang.
  19. Cf. Frances Wood p.95.
  20. Cf. Les trois vies de Joseph Charignon pour une biographie ; certains détails se sont révélés inexactes après la publication, mais l’ensemble est globalement correct et documenté. Disponible sur le site de Centrale Histoire
  21. Le chemin de fer reliant la Capitale impériale au port fluvial de Hankou (汉口), au centre de la Chine des 18 provinces, partait de Lugouqiao (卢沟桥) autrement appelé le « pont Marco Polo », le pouvoir impériale refusant que les lignes de chemin de fer s’approchent trop de Pékin. Après, la victoire sur les boxers, profitant de l’occupation de la ville par les troupes coalisées, les terminus furent déplacés aux abords de la porte Qianmen (前门).
  22. On relève qu’il soumissionne pour un projet de « tour de Signaux Météorologiques » sur le quai de France, financé par la Municipalité. Sa solution de tour métallique est presque deux fois plus chère que la solution retenue en béton armée. On note que l’offre est présentée par « MM. A. Charignon, Ingénieur civil & Nicolas Tsu, constructeur mécanicien » (Séance du comité des travaux du 28 janvier 1907, Conseil municipal de Shanghai)
  23. 邮传部顾问 ; le ministère sera ensuite rebaptisé ministère des communications交通部.
  24. L’Aurore et L’Excelsior de cette date sont consultables sur les sites de la Bibliothèque nationale de France, Gallica ou Retronews.
  25. Reliquat des troupes encore stationnées en Chine après l’expédition contre les Boxers.
  26. Notes de B. Delastre sur la famille Charignon, recueillies auprès de son oncle Pierre Charignon lui-même neveu de Joseph Charignon (conservées par la famille) : « d’abord comme officier étranger au service de la France (en tant qu’interprète d’anglais attaché auprès de l’Etat-Major) »
  27. Maladie bactérienne cutanée souvent mortelle avant l’invention des antibiotiques. Due à des staphylocoques, « [rare] en temps de paix et [fréquente] dans la guerre de nos jours, surtout dans les blessures par éclats d’obus. Cette complication, dit Payr, non seulement menace la partie atteinte, mais met la vie en grand danger. »  (La gangrène gazeuse en Allemagne par le Dr Emile Dutertre, Paris 1915).
  28. La seule source – le dossier militaire étant muet sur cette période - est le témoignage de M. Wei Zhong (魏忠) de l’Académie des Sciences Sociales de Chine (CASS) paru dans la revue 博览群书 no 6 de l’an 2000, reproduit dans le journal Guangming Daily en 2004 (aujourd’hui indisponible en ligne).
  29. La 17e Division d’infanterie coloniale : cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/17e_division_d%27infanterie_coloniale
  30. Notamment les ANZAC : cf. https://anzacportal.dva.gov.au/wars-and-missions/ww1/where-australians-served/gallipoli : « The French would stage a diversionary landing on the Asian shore of the Dardanelles near Kum Kale. Then they would re-embark to support the British at Helles. »
  31. Sa nécrologie publiée en 1930 précise que Antoine (Joseph Henri) Charignon aurait été gazé ; un des deux séjours à l’hôpital en est peut-être la conséquence.
  32. Cf. L’instruction des soldats américains en France (1917-1918) de Raphaëlle Autric, Revue historique des armées no246, 2007 disponible ici.
  33. Cf. L’intervention française en Sibérie (1918-1919) de JFN Bradley dans la Revue Historique , 1965, T. 234, Fasc. 2 (1965), pp. 375-388
  34. Lettre à son frère Claudius du 26 juillet 1925, conservée par la famille.
  35. EVDG = engagé volontaire pour la durée de la guerre.
  36. Cf. note 22 ci-dessus
  37. Cf. Notre part de sacrifice de Jacques de Bellaing, Tours 1922
  38. Une seule source le mentionne au passage.
  39. Les sources divergent le disant diplômé de Mécanique de l’Université de Lille ou de L’Institut Industriel du Nord (aujourd’hui Centrale Lille). Cependant je pense qu’il a continué dans l’enseignement catholique, donc dans un 3e établissement, l’ex-École industrielle St Michel devenue HEI en 1890.
  40. Il arrive le 19 juillet 1901 à Marseille à bord du Natal des Messageries maritimes, cf. Homeward mail from India, China and the East du 29 juillet 1901. Il s’embarque à bord du Chuson à Marseille à destination de Hong Kong fin octobre 1904, cf. Overland China Mail du 5 novembre 1904. Les sources chinoises indiquent un diplôme lillois en 1903 (à 18 ans) ce qui ne semble pas compatible avec la chronologie reconstituée.
  41. Cf. London and China telegraph du 23 juin 1913, E. Tsu débarque à Marseille du Polynésien des Messageries maritimes le 17 juin.
  42. L’aérophile du 15 avril 1914, p. 187 : son no de licence est le 1699 et il la passe sur un Morne Saulnier
  43. 1er Régiment de marche de la Légion étrangère cf. dossier militaire sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
  44. Cf. https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/cote-d-or/histoires-14-18-ecole-pilotes-676317.html
  45. Cf. http://archives.le64.fr/decouvrir-les-archives/centenaire-14-18/document-du-mois/lecole-daviation-de-pau.html Il y obtient son brevet de pilote militaire no1968 le 22 novembre 1915
  46. Cf. http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/escadrille037.htm
  47. L’Aérophile du 1er au 15 décembre 1916
  48. Journal Officiel du 19 février 1917 p.1349
  49. Cf. dossier militaire (voir note 43)
  50. Cf. https://www.bilibili.com/read/cv11338010/
  51. Cf. https://www.bilibili.com/read/cv11338010/
  52. Cf. dossier militaire (voir note 43) + Cf. site Escadrille N37 (voir note 46)
  53. 3 +2 selon Paul Joly cité dans le no d’octobre 1974 de Pionniers : la revue aéronautique trimestrielle des vieilles tiges
  54. D’autres combats sont décrits dans cet article : https://www.xinouzhou.com/detail-719285.html
  55. Reprise éditée de mon article de 2017 disponibles sur le site du Souvenir français des hauts de Seine : https://www.souvenir-francais-92.org/archive/2017-09/ En attendant une étude plus complète des sources par un de nos camarade de la SHFC.
  56. Cf. le site Memorial GenWeb recensant les tombes des soldats et résistants ayant donné leur vie pour la France : https://www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/complementter.php?id=2702529
  57. Ma Yi-pao est une erreur de transcription. Son non était Ma Yu-pao (transcription EFEO) ou Ma Yubao (hanyu pinyin). Nous adopterons Ma Yu-pao.
  58. Alors appelée Yunnan-sen 雲南省
  59. Cf. Un Yunnanais mort pour la France, article de Georges Cordier dans La revue indo-chinoise tome XXXII, juillet-août 1919.
  60. Après les élections et l’assassinat de Song Daoren au début de 1913, Yuan Shikai s’empare des leviers du pouvoir et s’attaque directement au KMT. Le parti du Dr Sun tente alors une « seconde révolution » vite écrasée par les troupes du Beiyang aux ordres de Yuan. Cf. l’article : China - Second Revolution of 1913 sur le site Globalsecurity.org : https://www.globalsecurity.org/military/world/war/china-second-revolution.htm
  61. Pour sa période yunnanaise, Cf. 一战中为法国奋战的中国军人,没能等来1918年的双十一 sur :  https://www.sohu.com/a/500459101_120892726
  62. Cf. 云南近代名人——马毓宝 sur : http://www.360doc.com/content/22/0317/23/27794381_1022003789.shtml
  63. Sa notice est malheureusement absente du Dictionnaire biographique des diplomates et consuls en Chine 1918-1953 de Nicole Bensaq-Tixier (PUR 2013), bien que son nom figure dans la liste de fin de volume comme consul de 1909 à 1920 à Mengzi.
  64. Cf.  1901-1935 : la Légion étrangère au Maroc de Pierre Soulié dans la revue Guerres mondiales et conflits contemporains 2010/1 (n° 237), pages 7 à 24
  65. Cf. 云南近代名人——马毓宝 pour ce paragraphe et les suivants.
  66. Voir chapitre suivant
  67. Contrairement à ce qu’insinue Jérôme Buttet (voir note 6), l’armée française tient sa promesse d’une sépulture selon les croyances de ses soldats ; ainsi, Ma qui est musulman repose sous une stèle musulmane.
  68. Il écrivit « 黄胄光荣” » qui est certainement une référence littéraire qui m’échappe, célébrant la gloire du soldat Ma.
  69. Voir le film de Zhang Yimou Full river red (2023) 满江红 ou l’Encyclopedia Britannica : https://www.britannica.com/biography/Yue-Fei
  70. Cf. la fiche sur le site Film DOC : https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/61026_0
  71. L’accent est mis sur les troupes « indigènes », Pascal Blanchard étant un historien du colonialisme.
  72. L’accent est mis sur les troupes « indigènes », Pascal Blanchard étant un historien du colonialisme.
  73. De nombreux travailleurs chinois sont « Morts pour la France » entre 1916 et 1919, le site Mémoires des hommes en liste 91 nés en Chine – une fois exclus les français nés en chine et les quelques annamites et le « sénégalais » mal répertoriés.
  74. Le nom de famille est probablement 段, et le pinyin devrait être Duan Lie ou Duan Liye.
  75. La Seine est alors le département comprenant Paris et sa couronne qui fut supprimé lors de la réorganisation départementale de 1968.
  76. La transcription de son acte de décès indique la province du Zhili 直隶省
  77. Cf. Des travailleurs chinois à Nanterre pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), consulté sur le site de la Société d’Histoire de Nanterre : http://histoire-nanterre.org/wp-content/uploads/2022/03/NI_SHN_471_Travailleurs_chinois.pdf
  78. Cf. Libé Métro du 23/01/1995 : https://www.liberation.fr/libe-3-metro/1995/01/23/histoire-de-lu-hou-tcheng-chinois-de-meudon-dans-un-siecle-de-presence-chinoise-en-france_118920/
  79. Cf. l’article Le mouvement travail-études sur le site de la Bibliothèque municipale de Lyon :
  80. Cf. sur le site de la FSALE l’article du 12 septembre 2017 : RMLE: la première offensive de la Malmaison https://legionetrangere.fr/la-fsale/actualites-de-la-fsale/1048-histoire-rmle-la-premiere-offensive-de-la-malmaison.html?highlight=WyJ2ZXJkdW4iXQ==
  81. Li Shizheng avait fondé sa coopérative de fabrication de tofu à La Garenne Colombes.
  82. À ce niveau, ancienne ligne de défense anglaise prise par l’armée allemande en avril 1918 et fortement renforcée. Cf. JMO du RMLE 1er novembre 1917 - 5 septembre 1918 Livre d’Or
  83. Ce qui m’a été confirmé par le service des sépultures de l'Office national des combattants et victimes de guerre.
  84. Voir en annexe.
  85. Cf. Le site du Musée canadien de la guerre : Réaction enthousiaste à la guerre   https://www.museedelaguerre.ca/premiereguerremondiale/histoire/lentree-en-guerre/le-canada-entre-en-guerre/reaction-enthousiaste-a-la-guerre/
  86. Sunwei est un village près de Zhaoqing 肇庆市 dans le Guangdong.
  87. Cf. article du Edmonton journal, 16/08/2014 Brothers proud to serve : https://www.pressreader.com/canada/edmonton-journal/20140816/283150016854020
  88. Il est le deuxième fils de Leung Chong- lee梁昌利 (Liang Changli), né à Kamloops le 19 novembre 1895 ; il est baptisé dans l‘église anglicane. Cf. Singtao.ca du 20/10/2021 : 险被遗忘的一战加国华兵
  89. Le nom chinois de Hong Tung On est indisponible il est baptisé dans l’église méthodiste.
  90. Son dossier mentionne une naissance en Chine sans indication plus précise. Son nom chinois est également indisponible.
  91. Source : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/la-bataille-de-la-cote-70
  92. Cf. Edmonton Journal. Cependant le compte-rendu de la visite médicale de démobilisation note une audition presqu’aussi bonne que celle de son frère, avec une perception d’une voix conversationnelle à 20 pieds (21 pour Wee Hong)
  93. Cf. L’encyclopédie canadienne : Corps expéditionnaire canadien https://thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/canadian-expeditionary-force Et la Ligne du temps des Batailles canadiennes (1915-1919) sur le site de la fondation Vimy : https://fr.vimyfoundation.ca/learn/canadas-fww-battles
  94. Cf. Sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale : https://www.paysages-et-sites-de-memoire.fr/site/vimy/
  95. On trouve dans les articles des années 1980 le nombre de 200.
  96. Corps expéditionnaire canadien
  97. Cf. Race and Recruitment in World War I: Enlistment of Visible Minorities in the Canadian Expeditionary Force, de James W. St.G. Walker, Canadian Historical Review, Volume 70 Issue 1, March 1989, p4, note 5
  98. [1] Cf. ‘Not substantially European’: the Chinese Anzacs who fought for Australia in first world war had to fight racism first, South China Morning Post 25/04/2019 Cf. WWI - Chinese ANZACS sur le site du Australia Chinese Museum : https://www.chinesemuseum.com.au/pages/category/chinese-anzacs
  99. Cf. World War I: Chinese Anzacs, https://www.naa.gov.au/learn/learning-resources/learning-resource-themes/war/world-war-i/world-war-i-chinese-anzacs
  100. Cf. Australian dictionary of biography: https://adb.anu.edu.au/biography/sing-william-edward-billy-16348
  101. Des articles de journaux chinois des années 10 et 20 (en caractères non simplifiés) évoquent en particulier Ma Yu-pao.
  102. La France fit appel d’abord à la main d’œuvre de ses territoires, Kabyles, Malgaches, Tonkinois et même Kanaks, tout comme les Britanniques recrutèrent en Inde, notamment pour le front d’Orient.
  103. Le nom prononcé Mia par Denis Podalydès dans le film.
  104. Les 140 000 sont des travailleurs pour la plupart pauvres et sans éducation. Il y a bien des ouvriers spécialisés et même des interprètes mais Ma est lui un officier de l’armée du Yunnan francophone et issue de la bonne bourgeoisie musulmane et n’est donc absolument pas représentatif de ceux-ci.
  105. Les routes maritimes (et ferroviaires) par l’ouest ou par l’est étaient beaucoup plus longues. Pas de liaison aérienne directe à l’époque.
  106. Les travailleurs comme l’indique leur nom ne pouvaient pas combattre, leurs contrats stipulant qu’ils ne devaient pas être affectés au front, le gouvernement chinois se réservant la possibilité de faire des contrôles.
  107. « Pressante » est exagéré, par contre comme vu dans la partie 1, certains membres du gouvernement chinois souhaitaient se ranger aux côtés des alliés afin de récupérer les territoires concédés aux Allemands et Austro-Hongrois. Sun Yat-sen quant à lui supporta la neutralité jusqu’à la déclaration effective de guerre à l’Allemagne.
  108. Le contingent d’environ 10 000 affecté aux Américains fut prélevé sur les travailleurs ayant des contrats avec les Français et non des 96 ou 97 000 membres du CLC sous contrat britannique.
  109. Les travailleurs furent répartis sur tout le territoire et pas seulement dans le « sud de la France » ; Caen, Le Havre, Paris ou Le Creusot ne sont pas particulièrement méridionales. Le fait que l’hôpital des travailleurs coloniaux se trouvait à Marseille a pu conduire à cette erreur, car beaucoup de travailleurs y étaient transférés et parfois y mourraient, ; une surmortalité à Marseille n’indique cependant pas le lieu d’affectation de ces personnes.
  110. Le front fluctuant certains travailleurs purent se retrouver en zone de combat ; c’est en particulier les bombardements aériens allemands qui firent des victimes des combats, sur des établissements relativement éloignés du front ; par contre les travailleurs affectés après l’armistice au nettoyage des champs de bataille ou au déblaiement de ruines furent parfois victimes de munitions non-explosées.
  111. La grande majorité des Chinois sont morts de maladies pulmonaires (voir Annexe 4). Parmi les autres morts on trouve les victimes des torpillages allemands sur les navires de transport ; des suicidés en mer face aux conditions sordides de transport par la route orientale ; des accidentés dans les usines ou les mines ; des victimes de rixes inter-ethniques ou avec des soldats européens ; et même des tués par un de leurs compatriotes ou fusillés pour le meurtre d’un de leurs camarades. Cependant des travailleurs servaient parfois dans des unités militaires, ainsi Tchao Hoai Cheng (Zhao Huaisheng ?) attaché au 5e Génie, régiment spécialisé dans la (re)construction et la maintenance de voies ferrées en arrière du front ; il succomba à l’hôpital de Boulogne (Pas de Calais) le 15 mai 1918 et est enterré au carré militaire du cimetière municipal ; la cause de sa mort n’est pas indiquée sur sa fiche.
  112. [1] Noyelles-sur-mer dans la Somme (voir article) est le grand cimetière chinois de la 1ère Guerre mondiale car les Britanniques y avaient établi un grand camp du CLC. Il ne s’agit donc pas de travailleurs recrutés par les Français.
  113. Depuis quelques années, diverses associations chinoises de France ont redécouvert ces « oubliés », ce qui suscite un intérêt des édiles des localités où se trouvent ces tombes. Plus récemment, l’Ambassade de Chine en France participe annuellement à des commémorations.
  114. Aucune source ne le montre, au contraire, il semble faire partie de l’élite de la capitale du Yunnan. De plus, en tant qu’officier de l’armée du Yunnan il était instructeur au moment de son engagement pour la France, donc loin d’être persécuté. Il s’agit peut-être d’une allusion à la répression de la grande révolte des Hui du Yunnan dite Révolte des Panthay entre 1856 et 1873… un anachronisme ; ou plutôt une affirmation sans fondement.
  115. On a vu que non, puisque Toan Lié, mort dans la même offensive est lui aussi déclaré Mort pour la France.
  116. Affirmation erronée reprise dans un gazouillis par Elisabeth Moreno le 18 juillet 2021 en référence à ce film alors qu’elle est Ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et qu’une recherche aisée sur le site Mémoires des hommes lui aurait montré son erreur sans besoin de consulter les archives du journal officiel de la République française.
  117. De nombreux autres travailleurs chinois figurent même s’ils n’ont pas reçu la mention « Mort pour la France ».