Les tombes chinoises du cimetière de Bailleul

De Histoire de Chine
Révision datée du 1 juillet 2023 à 20:29 par David (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Cet article est une contribution du Souvenir Français de Chine. → Visitez le site du Souvenir Français

rédigé par David Maurizot et Juliette Lefranc

Dans le cadre de notre projet de recherche concernant les sépultures des travailleurs chinois de la Première Guerre Mondiale, voici la description des tombes chinoises du cimetière de Bailleul, dans le Nord.

Aperçu général du cimetière[1]

À une trentaine de kilomètres de Lille, située sur ce qui était le territoire dévolu au Corps Expéditionnaire Britannique en France, la petite ville de Bailleul a été durant la majeure partie de la Première Guerre Mondiale « une gare de ravitaillement importante, un dépôt de munitions et un centre d’unités médicales[2] ». Outre le centre hospitalier britannique, les Canadiens y avaient installé un poste de dégagement des blessés et morts et les Australiens un poste de secours[3]. Ainsi, à partir d’octobre 1914, les armées sous commandement britanniques ont d’abord enterré leurs morts dans l’enclos du petit cimetière municipal. Celui-ci arrivera malheureusement rapidement à saturation et, en avril 1915, une large extension contiguë leur sera attribuée.

Aujourd’hui, on y retrouve les stèles de plus de 4500 militaires, au nombre desquels : 4035 Britanniques, 312 Canadiens, 397 Australiens, 252 Néo-Zélandais, 1 Sud-Africain, 9 Indiens, 3 des Indes Occidentales Britanniques mais aussi 100 Français, 2 Belges et 155 Allemands[4]. Y reposent également 19 Britanniques et 10 Allemands de la Seconde Guerre Mondiale[5].

Plan de la partie britannique du cimetière communal de Bailleul. En bas à gauche (coin nord-est) sont mentionnés les tombes chinoises[6].

C’est dans le coin nord-est de l’extension, un peu isolé, que l’on retrouve aussi un alignement de stèles chinoises : il s’agit de la dernière demeure de 31 travailleurs chinois du Chinese Labour Corps (CLC)[7] – non répertoriés dans le décompte des soldats de la Commonwealth War Graves Commission car non combattants.

Quelques éléments épars nous permettent de contextualiser ces tombes :

  • Durant la guerre, seul le travailleur Chang Te Lu, décédé le 13 juillet 1917, a été inhumé directement au cimetière de Bailleul[8].
  • Les autres sépultures proviennent du cimetière chinois de Reninghelst où un camp du CLC avait établi – celui-ci fut désaffecté après la Guerre et les tombes translatés à Bailleul[9] :
    • 11 de ces stèles portent comme date de mort le 15 novembre 1917, une la date du 14 novembre 1917. Il y eu en effet, dans la nuit du 15 novembre 1917, un violent bombardement allemand qui prit pour cible le camp de Reninghelst et qui y fit 13 morts chinois[10]… On ne compte donc toutefois que 12 tombes à Bailleul.
    • On note également deux travailleurs décédés à la Noël 1917 : exécutés, très probablement, à l’occasion d’une mutinerie dans un autre camp du CLC situé non loin de Bailleul. Huit Chinois furent alors fusillés, 93 autres emprisonnés[11].
  • Treize autres stèles portent des dates de décès postérieurs à l’Armistice de 1918 : le CLC resta de longs mois après la Guerre dans la région, déblayant le front, édifiant aussi souvent les cimetières militaires – dont peut-être celui de Bailleul. Quand ils ne furent pas victimes de munitions non explosées, ils succombèrent souvent de la grippe espagnole ou de la tuberculose[12].

Ces éléments restent préliminaires, si vous avez plus de détails et/ou souhaitez contribuer à l’actualisation de cet article, n’hésitez pas à nous contacter .

Sources et bibliographies

Notes

  1. Site internet de la Commonwealth War Graves Commission, page consacrée au Bailleul Communal Cemetery Extension.
  2. Plaque explicative figurant à l’entrée du cimetière.
  3. Philippe Landru : https://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article6531
  4. Plaque explicative figurant à l’entrée du cimetière.
  5. Plaque explicative figurant à l’entrée du cimetière.
  6. Site internet de la Commonwealth War Graves Commission, page consacrée au Bailleul Communal Cemetery Extension.
  7. Site internet de la Commonwealth War Graves Commission, page consacrée au Bailleul Communal Cemetery Extension.
  8. Site internet de la Commonwealth War Graves Commission, page consacrée au Bailleul Communal Cemetery Extension.
  9. Petit village belge situé à seulement une dizaine de kilomètres de Bailleul, de l’autre côté de la frontière donc.
  10. Wim Chielens, Des Chinois dans la Première Guerre mondiale.
  11. Wim Chielens, Des Chinois dans la Première Guerre mondiale.
  12. Wim Chielens, Des Chinois dans la Première Guerre mondiale.