Le Consulat de Longzhou (Guangxi)
Rédigé par Alexandre Morin
À Longzhou, de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle, un Consulat de France oublié, bien préservé, au charme désuet et magnifique de splendeurs déchues, mérite un travail de mémoire approfondi pour mieux comprendre la succession des évènements qui se sont joués dans ces confins. Tout ou presque a suivi les soubresauts de la grande histoire.
C'est ici, dans le Guangxi, dans les marches de l’Empire chinois qu'au XIXe siècle la pression des puissances coloniales, dans le cas présent celle de la France, trouve une illustration originale. Réussites, échecs, comme incompréhensions y eurent leur lot. Tout est là pour en faire un travail passionnant.
Situation géographique
Les quelques éléments cartographiques qui suivent permettent de situer plus correctement la ville de Longzhou dans le Guangxi près de la frontière du Viêt Nam.
La première carte, moderne, confirme l’importance de ce passage traditionnel entre la Chine et le Viêt Nam. L’autoroute et la ligne ferroviaire actuelle suivent toujours cette voie de communication le long de la rivière Zuo, un des très nombreux fleuves qui alimentent le delta de la rivière des perles. L’occupation de cette voie est millénaire. D’immenses et spectaculaires peintures rupestres, datées autour de 3000 ans, ont été tracées à l’ocre rouge sur les falaises qui bordent la rivière Zuo à Huashan près de Longzhou. Cette voie, où eurent lieu de nombreux conflits, reste la voie de contact principale du sud de la Chine avec Hanoi.

Plusieurs cartes de la fin du XIXe siècle restituent ce qu’était Longzhou et son environnement au début de la présence française. L’environnement est constitué d’une multitude de pics et montagnes karstiques avec des plaines plus ou moins amples. Ce paysage a beaucoup de charme. Deux autres cartes chinoises, présentes dans les archives de la BnF,[1] ne manquent pas d’intérêt et mériteraient une analyse et une mise en perspective.


Cette dernière carte mériterait traduction et d’éventuelles explications en dehors de son charme particulier. Elle illustre l’origine de cet ancien Consulat qui fut une conséquence secondaire de la conquête du Tonkin de 1884-1885. Cette guerre qui opposa la France et la Chine se conclut par le Traité de Tianjin en 1885.

Histoire très sommaire de l’ancien Consulat de France

Les éléments qui suivent sont issus de la présentation faite sur le site de l’ancien Consulat (beaucoup d’éléments, photographiques en particulier, sont actuellement en mauvais état et difficiles à photographier et reproduire).

A l'issue de la Guerre franco-chinois, le gouvernement Qing accepta que Longzhou devienne un port commercial et que le gouvernement français y ouvre un consulat.
Les prémices sont apparues le 1er Avril 1889 lorsque le gouvernement Qing a créé le Bureau des Douanes de Longzhou, situé dans le temple Chen Lie, rue Nanmen.
L’activité de ce bureau est d’ailleurs précisément documentée depuis 1889 et permettrait d’analyser son importance relative par rapport à d’autres voies.

Ainsi que les noms et nationalités de ceux qui y ont joués un rôle.

Les bâtiments de l’ancien Consulat de Longzhou furent construits en 1896 et se composaient de deux bâtiments dans le style colonial français avec un grand jardin. C’était à l’origine le site de la gare du chemin de fer qui reliait Longzhou à Dong Dang au Viêt Nam. La ligne se rattachait alors au réseau ferroviaire viêtnamien. Cette ligne menait ensuite vers Lang Son puis Hanoi. Dès l’origine la concession de la ligne à la France prévoyait d’aller jusqu’à Nanning.
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L’entrée de l’ancien Consulat de France à Longzhou (Fév. 2025)
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Le plan de l’ancien Consulat à Longzhou
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Le premier bâtiment de l’ancien Consulat de France à Longzhou (Fév. 2025) Musée historique concernant l’ancien Consulat.
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La terrasse couverte du premier étage
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Le deuxième bâtiment servant actuellement d’exposition artistique
Trois visions de cet ensemble :



35 Consuls ou vice-consuls se sont succédés en ces lieux. Une histoire mouvementée qui demanderait, s’il n’existe déjà, un travail détaillé.

Le premier Consul de Longzhou : Pierre Remi Bons d’Anty

Pierre-Rémi Bons d'Anty est né le 1er octobre 1859. Diplômé de l'Ecole des langues orientales vivantes il est attaché à la Bibliothèque nationale en 1881. En 1884, il est élève interprète à Tientsin en 1884 puis nommé interprète de troisième classe, chargé des fonctions l'interprète chancelier au même poste en1885. En 1887, il est chargé des fonctions de vice-consul à Pakhoi avant d'être nommé vice-consul de deuxième classe et chargé du consulat de Long-Tchéou (Longzhou) en 1889. Officier d'académie en 1891, il est consul de seconde classe quatre ans plus tard et envoyé a Sseu-Mao en 1899. Gérant du consulat de Tch'ong-K'ing la même année, il est nommé consul l'année suivante au même poste. En 1906, il est chargé du consulat général à Tchentchou et nommé consul général la même année.
Ce Consul fait l’objet de 12 articles aux archives diplomatiques de la Courneuve.

Le chemin de fer de Hanoï à Longzhou

En 1895 la France obtint la concession pour la construction d’un chemin de fer entre le Guangxi et le Viêt Nam. La construction commence en fin 1896 et deux ans plus tard la gare de Longzhou était achevée. La concession allait jusqu’à Nanning.
Il existe probablement de nombreux documents qui complèteraient utilement cette bien brève présentation...
Appendix : Les Monts Hua Shan

Dans le massif karstique de la région autonome Zhuang du Guangxi dans le sud de la Chine, sur les bords de la rivière Zuo, se trouve un ensemble spectaculaire de l’expression artistique des chasseurs cueilleurs.

Ces immenses et spectaculaires panneaux ornés d’une surface totale de plus de 8000 mètres carrés datent probablement d’environ 3000 ans. Un dépôt stalagmitique a permis de dater une peinture entre 3270 et 2115 BP[4].

Les occupants paléolithiques des grottes proches de Yunchanyan ou de Dayan ont vécus dans ces régions 10000 ans plus tôt. Les cultures de chasseurs cueilleurs ont longtemps persisté et persistent encore dans de nombreuses vallées tropicales. Ces expressions sont la combinaison de préoccupations quotidiennes similaires et d’une attention exclusive à un mode de vie économique et social.
Un tel effort d’expression est lié à des événements symboliquement très forts de la vie de ces clans. Les auteurs, considérés comme des ancêtres de la minorité Zhuang, ont transformé cette falaise en un véritable monument.

Danses incantatoires pour glorifier l’astre solaire, situé ici au centre de ce panneau rocheux, ou de guerriers en transe après d’importantes victoires guerrières, c’est un monument mémoriel et identitaire.


Sur d’autres falaises bordant la rivière Zuo, des dessins, moins spectaculaires et d’accès difficile, en particulier près du village de Baixuedun 白雪顿, font la fierté des villageois.
Sources
- ↑ https://www.bnf.fr/
- ↑ BnF
- ↑ BnF
- ↑ soit 1250 - 95 AEC (ou BC)