Recherche : En France : Les tombes chinoises de la Première Guerre Mondiale
rédigé par David Maurizot
Avec le temps le rôle qu’a joué la Chine dans la Première Guerre Mondiale a été soit oublié, soit caricaturé. Il est aujourd’hui largement ignoré. En France et en Belgique quelques tombes de « travailleurs chinois » ravivent cette mémoire. A notre connaissance, aucun travail exhaustif de recensement de ces tombes n’a été entrepris – si ce n’est celui réalisé à son propre niveau par la Commonwealth War Graves Commission. La Société d’Histoire des Français de Chine, en association avec le Souvenir Français, se propose d’entreprendre cet inventaire et de centraliser ses résultats dans cet article. Pour le compléter (avec de nouveaux lieux, des photographies, des renseignements) et/ou le corriger, n’hésitez pas à nous contacter via notre formulaire de contact.
Les chiffres
Dans le vaste travail de l’historienne des travailleurs chinois, Li Ma, on estime que 140000 travailleurs chinois ont rejoint la France pour soutenir l’effort de guerre alliés : 100000 étaient sous l’autorité britannique et 40000 sous l’autorité française[1].
Le nombre exact de morts chinois est quant à lui difficile à évaluer. On parle communément de 2000 victimes pour le Chinese Labour Corps (CLC) des Britanniques et de 1500 victimes pour les Français (incluant les 543 de l’Athos)[2]. D’autres sources mentionnent des chiffres bien plus importants[3]. Ces décès ont été causés « par des maladies, notamment la tuberculose et "la grippe espagnole", par des accidents, mais également des bombardements allemands. Il y a eu aussi des exécutions suite à des révoltes, ou des décès consécutifs à différents types de bagarres.[4] »
Cimetières britanniques
Du côté britannique, les travailleurs du CLC ont été systématiquement inhumés dans les cimetières militaires de la Commonwealth War Graves Commission (CWGC) au nord de la France. Toutes les tombes de ces cimetières, y-compris donc les chinoises, ont été entièrement recensées et peuvent être retrouvées via la base de données de la CWGC.
Il existe 16 cimetières (15 en France, un en Belgique) qui abritent plus de dix tombes chinoises. Le plus connu d’entre eux, le cimetière de Noyelles-sur-mer regroupe plus de 800 stèles. Il s’agit de la plus grande nécropole chinoise de France.
En France, par ordre d’importance, il s’agit des cimetières de :
- Noyelles-sur-Mer
- Les Baraques
- Saint-Etienne-au-Mont
- Longuenesse
- Ruminghem
- Arques-la-Bataille
- Tincourt
- Sains-en-Gohelle
- Saint-Sever
- Ayette
- Bailleul
- Blargies
- Caudry
- Chocques
- Beaulencourt
- Hautes-Abesnes
Cimetières français
Du côté français, après guerre, le gouvernement avait répondu positivement aux associations chinoises qui souhaitaient regrouper les tombes des travailleurs sous autorité française, sans toutefois offrir une quelconque contribution financière à ce projet. Rien n’a donc été fait. Les morts chinois ont ainsi été enterrés dans des cimetières communaux, quelques fois militaires, ou, pire, dans des fosses communes de manière anonyme.
A notre connaissance, aucun recensement exhaustif n’a été réalisé. Dans la région de Soissons (Aisne), l’historien Jérôme Buttet a identifié quelques cimetières comportant des tombes de travailleurs chinois, dont ceux de[6] :
- Crouy
- Vauxbuin
- Serches
Comme vous pouvez le voir, nous sommes bien loin d’un inventaire complet. Nous avons donc besoin de vous pour compléter notre base de données des sépultures chinoises de la Première Guerre Mondiale. Historiens, passionnés, amateurs ou simples curieux, n’hésitez pas à nous contacter !
Sources et bibliographie
Li Ma (dir.), Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre mondiale, CNRS Editions, 2012.
Notes
- ↑ Li Ma, « La "Mission Truptil" et les travailleurs chinois en France », in Li Ma (dir.), Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre mondiale, CNRS Editions, 2012, page 61.
- ↑ Li Ma, « La "Mission Truptil" et les travailleurs chinois en France », in Li Ma (dir.), Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre mondiale, CNRS Editions, 2012, page 82.
- ↑ Wou Piontchong, Les travailleurs chinois et la Grande Guerre, Pedone, 1939, page 16.
- ↑ Li Ma, « La "Mission Truptil" et les travailleurs chinois en France », in Li Ma (dir.), Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre mondiale, CNRS Editions, 2012, page 82.
- ↑ Li Ma, « La "Mission Truptil" et les travailleurs chinois en France », in Li Ma (dir.), Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre mondiale, CNRS Editions, 2012, page 84.
- ↑ Jérôme Buttet, « En creux, en relief et en noir, souvenirs de Chine et d’Extrême-Orient dans le Soissonnais », in Li Ma (dir.), Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre mondiale, CNRS Editions, 2012, page 415.